(RSF/IFEX) – Des manifestants ont agressé des journalistes et attaqué les locaux de plusieurs groupes de presse à Katmandou. RSF a par ailleurs recueilli de nouveaux témoignages sur les exactions des maoïstes à l’égard des journalistes de province. Enfin, les autorités détiennent toujours trois journalistes. Ces différentes violations de la liberté de la presse témoignent […]
(RSF/IFEX) – Des manifestants ont agressé des journalistes et attaqué les locaux de plusieurs groupes de presse à Katmandou. RSF a par ailleurs recueilli de nouveaux témoignages sur les exactions des maoïstes à l’égard des journalistes de province. Enfin, les autorités détiennent toujours trois journalistes.
Ces différentes violations de la liberté de la presse témoignent du climat de violence qui règne au Népal. RSF redoute que cette insécurité grandissante empêche les journalistes d’informer librement sur les événements nationaux. L’organisation s’associe aux initiatives de la Fédération des journalistes népalais (FNJ) pour obtenir la libération de trois journalistes détenus par les autorités et de deux reporters enlevés par les maoïstes.
RSF dénonce depuis plusieurs années les attaques contre des journalistes et les entraves à leur travail de la part des maoïstes et des forces de sécurité. Ainsi, le chef des maoïstes, Pushpan Kamal Dahal (« Camarade Prachanda) et le roi Gyanendra sont considérés tous les deux par l’organisation comme des « prédateurs de la liberté de la presse ».
Vivement critiqués après l’exécution du reporter de Radio Nepal, Dekendra Raj Thapa, le 11 août 2004, les maoïstes continuent d’harceler les journalistes en province. Le 2 septembre, Bijay Mishra, du quotidien « Kantipur » dans le district de Siraha (Est), a été menacé de mort par un cadre de la rébellion, Bibek, qui lui a promis le même sort que celui de Dekendra Raj Thapa. Les maoïstes lui reprochent de ne pas publier les informations les concernant dans son journal. Depuis plusieurs semaines, Baikuntha Dahal, journaliste indépendant dans le district d’Udaypur, reçoit des menaces de mort des maoïstes notamment à travers leur radio clandestine. Il est accusé de soutenir les forces armées. Anup Gurung, de l’hebdomadaire local « Purva Mechi », a quant à lui été arrêté le 29 août dans le district de l’Ilam (est du pays). Des hommes armés l’ont intégré de force aux « divisions du peuple » pour le punir de ne pas avoir publié d’informations en faveur de leurs activités dans la région. Le journaliste a été contraint de servir de porteur, avant de réussir à s’échapper. Le reporter Durga Thapa a par ailleurs été détenu pendant plus de quinze jours en août dernier.
Selon les informations de RSF, les maoïstes auraient commis au moins dix violations graves de la liberté de la presse (assassinats, enlèvements ou menaces de mort) depuis le début de l’année 2004. L’organisation réitère son appel aux dirigeants maoïstes pour libérer ses otages et garantir la liberté de la presse dans les zones du pays qu’ils contrôlent.
Les manifestations violentes qui se sont produites après l’exécution de douze otages népalais en Irak ont également touché la presse. Le 1er septembre, des émeutiers ont successivement attaqué, et en partie brûlé, les locaux des groupes de presse privés Kantipur et Space Time à Katmandou. Au moins cinq employés du Kantipur ont été frappés par les manifestants. Malgré les appels des médias, la police ne serait pas intervenue. Une dizaine de journalistes, notamment Minal Pandey de la chaîne Nepal 1 et Kiran Pandey du magazine « Himal Khabarpatrika », ont par ailleurs été agressés alors qu’ils couvraient les manifestations.
RSF demande au ministre de l’Intérieur, Purna Bahadur Khadka, de s’expliquer sur le fait que les forces de l’ordre n’ont pas protégé les journalistes et les locaux des médias. L’organisation réitère son appel pour la libération de Raju Kshetri et Maheshwar Pahari de l’hebdomadaire « Rashtriya Swabhiman », et Jeetman Basnet du mensuel « Sagarmatha Times ». Dans ces deux derniers cas, la Cour suprême a demandé leur libération. Ces journalistes sont détenus dans des conditions difficiles.
RSF a par ailleurs été informée de la mort de Badri Khadka, présenté comme le correspondant de l’hebdomadaire promaoïste « Janadesh » dans les régions de Mechi et Koshi (est du pays). Il aurait été tué par les forces de sécurité le 29 août à Govindapur (région de Morang, est du pays). Khadka aurait été interpellé et torturé avant d’être exécuté. Selon des journalistes locaux, le corps de Khadka, âgé de 27 ans, aurait été mutilé. Les forces de sécurité népalaises n’ont toujours pas confirmé cette information diffusée par les maoïstes.
RSF ne peut pas confirmer que Khadka exerçait un travail de journaliste pour « Janadesh » qui, depuis sa disparition des kiosques, en août 2003, est seulement accessible sur Internet. RSF estime que le soutien inconditionnel de la rédaction de « Janadesh » à la lutte armée populaire engagée par le Parti communiste népalais-maoïste est une violation grave à l’éthique journalistique. L’organisation condamne ces appels à la violence.