(RSF/IFEX) – Ci-dessous, un communiqué de presse de RSF : Un mois après l’assassinat du journaliste Carlos Cardoso : RSF s’interroge sur la volonté du gouvernement mozambicain à faire la lumière sur ce crime Dans une lettre adressée à Joaquim Chissano, président de la République mozambicaine, Robert Ménard, secrétaire général de Reporters sans frontières (RSF), […]
(RSF/IFEX) – Ci-dessous, un communiqué de presse de RSF :
Un mois après l’assassinat du journaliste Carlos Cardoso : RSF s’interroge sur la volonté du gouvernement mozambicain à faire la lumière sur ce crime
Dans une lettre adressée à Joaquim Chissano, président de la République mozambicaine, Robert Ménard, secrétaire général de Reporters sans frontières (RSF), organisation indépendante et internationale de défense de la liberté de la presse, a appelé les autorités mozambicaines à rendre public immédiatement et sans délai les premiers résultats de l’enquête sur l’assassinat, le 22 novembre 2000, de Carlos Cardoso, fondateur et directeur du quotidien indépendant Metical. RSF a également demandé à ce que des moyens humains et matériels suffisants soient immédiatement débloqués afin que la police puisse véritablement mener une enquête indépendante. « Un mois après l’assassinat de Carlos Cardoso, de graves manquements, qui risquent de porter préjudice au bon déroulement de l’enquête, ont été relevés et aucun élément n’a encore été rendu public. Ceci indique clairement que les autorités mozambicaines ne veulent pas faire la lumière sur cette affaire », a déclaré Robert Ménard.
Selon les informations et témoignages recueillis par RSF, certains témoins n’ont été que brièvement interrogés. Ainsi, un seul journaliste de la rédaction de Metical aurait été entendu par la police. La veuve de Carlos Cardoso, n’a été, selon ses propres termes, que « très superficiellement entendue à une seule occasion ». Parmi les manquements à l’enquête, on peut relever qu’aucun cordon de police n’a été mis en place autour du lieu du crime, les témoins occulaires du meurtre comme les habitants du quartier n’ont pas été entendus par la police, qui n’a pas pris de photographies ou de relevés techniques de la scène du crime. La police n’a pas établi de portraits-robot des deux meurtriers, bien que des témoins aient pu les décrire aux journalistes. Le sentiment général de la société civile mozambicaine est que l’enquête piétine, si tant est qu’elle ait véritablement commencé, faute d’une véritable volonté politique de découvrir les assassins de Carlos Cardoso.
Il semble que les autorités mozambicaines veuillent rejetter la responsabilité de l’enquête sur les pays voisins, alors que rien n’étaye la thèse selon laquelle les assassins de Cardoso ont quitté le territoire mozambicain. Lors d’une conférence de presse à Londres le 13 décembre, Joaquim Chissano a déclaré que le « crime organisé » était derrière le meurtre de Cardoso, sans s’appuyer sur des indices et éléments qui permettent de tirer de telles conclusions. Le président Chissano tente de brouiller les pistes en demandant à Interpol d’enquêter alors que le rôle de cette intsitution n’est pas de mener des investigations.
RSF demande aux instances régionales et internationales de créer une commission internationale de surveillance chargée de surveiller les progrès de l’enquête.
Le 22 novembre, Carlos Cardoso, ancien directeur de l’agence mozambicaine de presse, fondateur du journal par fax, Mediafax et directeur de Metical, a été assassiné devant son bureau par deux hommes qui le criblent de balles alors qu’il s’apprêtait à monter dans sa voiture. Son chauffeur a été grièvement blessé. Le lendemain, le président Chissano annonce l’ouverture d’une enquête mais déclare que les meurtriers ont sans doute déjà quitté le pays. Carlos Cardoso avait reçu des menaces de mort. Il avait récemment enquêté sur divers scandales financiers et affaires de corruption.