(RSF/IFEX) – « Dans le contexte actuel, l’inculpation d’un journaliste cachemiri en vertu de la Loi sur les secrets officiels apparaît comme une tentative d’intimidation envers tous les médias qui tentent de couvrir de manière indépendante le conflit du Cachemire », a affirmé Robert Ménard, secrétaire général de RSF. L’organisation a demandé, dans une lettre adressée le […]
(RSF/IFEX) – « Dans le contexte actuel, l’inculpation d’un journaliste cachemiri en vertu de la Loi sur les secrets officiels apparaît comme une tentative d’intimidation envers tous les médias qui tentent de couvrir de manière indépendante le conflit du Cachemire », a affirmé Robert Ménard, secrétaire général de RSF. L’organisation a demandé, dans une lettre adressée le 11 juin 2002 au ministre indien de l’Intérieur, Lal Krishna Advani, des explications sur l’arrestation et l’inculpation de Iftikhar Ali Geelani, chef du bureau du « Kashmir Times » à New Delhi. « Au vu de la faiblesse des preuves retenues contre le journaliste, nous vous demandons d’intervenir en faveur de sa libération », a ajouté Ménard.
RSF a par ailleurs demandé au ministre de l’Intérieur de « diligenter une enquête après le passage à tabac d’un autre journaliste cachemiri par un policier ». « La police semble incapable de mettre fin à une série d’agressions et de tentatives d’assassinat de journalistes au Cachemire. Il serait regrettable que le gouvernement laisse s’aggraver le climat d’impunité dont jouissent ceux qui s’attaquent à la presse », a conclu Ménard.
Selon les informations recueillies par RSF, Geelani, correspondant des quotidiens indien « Kashmir Times » et pakistanais « The Nation » à New Delhi, a été formellement inculpé, le 11 juin, en vertu de la Loi sur les secrets officiels. La police a obtenu d’un juge cinq jours supplémentaires de garde à vue. Il avait été arrêté deux jours plus tôt à son domicile de New Delhi par des agents du Département des impôts. La police l’accuse maintenant de détenir sur son ordinateur portable des plans de la présence militaire indienne au Cachemire. Mais Geelani affirme que ces documents sont tirés d’un rapport de 1997 du Département d’Etat américain et qu’ils ont déjà été publiés dans le quotidien indien « The Hindu ». Par ailleurs, le quotidien « Hindustan Times » a affirmé que le journaliste cachemiri aurait avoué aux enquêteurs qu’il travaillait pour les services secrets pakistanais. Mais cette information n’est confirmée par aucune autre source. De nombreux journalistes cachemiris et l’Union des journalistes de New Delhi ont condamné l’arrestation de Geelani.
Geelani a été interpellé peu après l’arrestation de son beau-père, le leader cachemiri Syed Ali Shah Geelani, qui, lui, est accusé d’avoir reçu de l’argent des services secrets pakistanais et a été inculpé en vertu d’une loi antiterroriste.
Par ailleurs, le 10 juin, Mohammad Yusuf Dar, journaliste du journal « Daily Excelsior » à Jammu (province du Cachemire), a été frappé, insulté et détenu pendant deux heures par des policiers. Selon le quotidien anglophone indépendant « Kashmir Images », le journaliste a été interpellé par le sous-officier Javed alors qu’il rentrait à son domicile.
Enfin, la police n’a procédé à aucune enquête sérieuse après la tentative d’assassinat dont a été victime Zafar Iqbal, journaliste pour le « Kashmir Images », qui a été grièvement blessé par balles, le 29 mai, à son bureau de Srinagar par trois hommes masqués (consulter l’alerte de l’IFEX du 30 mai 2002). Des collègues du journaliste ont déclaré à RSF que la police n’a pris aucune mesure de protection des locaux du journal et n’a entamé aucune enquête.