La Birmanie est largement reconnue comme étant l'un des pays les plus répressifs envers les médias, et est constamment reléguée aux derniers rangs des classements de la liberté de la presse.
(RSF/IFEX) – Pour la journée mondiale de la liberté de la presse, le 3 mai 2011, la Democratic Voice of Burma (DVB), média birman en exil, a lancé une campagne pour la libération de ses 17 vidéo journalistes (VJ), condamnés à de lourdes peines de prison en Birmanie.
Le lancement de cette campagne intervient moins de deux mois après la nomination officielle du nouveau gouvernement birman, censée marquer le début de la transition vers la mise en place d’un régime civil. Pourtant, les arrestations de journalistes se multiplient. Ils viennent grossir les rangs des quelques 2 100 prisonniers politiques détenus en Birmanie. Rien n’a changé depuis la fin annoncée du pouvoir militaire.
« Le nouveau président birman a annoncé son intention de construire un ‘gouvernement sans tache’ – comment peut-on qualifier un gouvernement qui continue à arrêter les journalistes qui relaient la voix du peuple et de l’opposition de gouvernement ‘sans tache’ ? « , a déclaré Aye Chan Naing, directeur exécutif de la DVB.
La Birmanie est largement reconnue comme étant l’un des pays les plus répressifs envers les médias, et est constamment reléguée aux derniers rangs des classements de la liberté de la presse. Plus de 25 professionnels des médias demeurent derrière les barreaux en Birmanie. Certains, comme Hla Hla Win, journaliste de la DVB, purgent une peine de 27 ans de prison.
Les médias birmans en exil, tels que la DVB, sont alimentés par des journalistes qui travaillent depuis la Birmanie dans le plus grand secret. Leur travail est dangereux, mais vital, en ce qu’il permet de lever, en partie, le voile sur l’un des Etats les plus hermétiques de la planète.
« La censure est l’une des priorités du régime », a dit Aye Chan Naing. » Ils dépensent beaucoup d’argent pour contrôler les médias et assurer un impact maximal à leur propagande. Les journalistes indépendants deviennent donc inévitablement leur cible ». Au cours des six derniers mois, deux autres vidéo-journalistes de la DVB on été arrêtés : Sithu Zeya, âgé de 21 ans, a été condamné à huit ans de prison ferme en décembre dernier pour avoir photographié le bilan désastreux d’une attaque à la grenade à Rangoun en avril 2010.
Sithu Zeya a avoué, sous la torture, que son père, Maung Maung Zeya, avait été à la tête d’une équipe de vidéo-journalistes travaillant à l’intérieur du pays. Ce dernier a été arrêté à son tour et condamné à 13 ans de prison. Ils ont rejoint Ngwe Soe Lin, condamné, lui aussi, à 13 ans de prison en 2009 pour sa collaboration à la réalisation du documentaire de la DVB, « Les orphelins du cyclone Nargis » (documentaire primé par Channel 4) et Win Maw, reporter de la DVB, condamné à 17 ans de prison.
« Les conditions carcérales en Birmanie sont extrêmement mauvaises et nous sommes très inquiets pour leur santé mentale et physique », a dit Aye Chan Naing, avant d’ajouter : « Ils ne devraient même pas être en prison. Nous appelons la communauté internationale, et tout particulièrement les représentants de l’ASEAN, à saisir chaque opportunité pour demander la libération des journalistes en Birmanie ».
Le lancement de cette campagne a été rendu possible grâce au soutien financier de Reporters sans frontières et de l’Union européenne, par l’intermédiaire de l’instrument européen pour la démocratie et les droits de l’homme (IEDDH).