(RSF/IFEX) – Ci-dessous, un communiqué de presse de RSF : Reporters sans frontières et BMA très préoccupées par le sort des journalistes Sein Hla Oo et Win Tin « Quelques jours après que vous déclariez qu’il n’y avait plus de prisonniers politiques en Birmanie, nous recevons des affirmations alarmantes sur la situation de deux journalistes birmans […]
(RSF/IFEX) – Ci-dessous, un communiqué de presse de RSF :
Reporters sans frontières et BMA très préoccupées par le sort des journalistes Sein Hla Oo et Win Tin
« Quelques jours après que vous déclariez qu’il n’y avait plus de prisonniers politiques en Birmanie, nous recevons des affirmations alarmantes sur la situation de deux journalistes birmans emprisonnés pour des délits d’opinion », s’est indigné Robert Ménard, secrétaire général de Reporters sans frontières, dans une lettre adressée au Colonel Tin Hlaing, ministre de l’Intérieur du Conseil d’Etat pour la paix et le développement (SPDC). Reporters sans frontières et la Burma Media Association (BMA, organisation de journalistes birmans en exil) ont demandé la libération immédiate des journalistes Sein Hla Oo, dont on est sans nouvelles depuis février 2002, et Win Tin, qui vient d’être transféré de l’hôpital à la prison d’Insein, qui cumulent à eux deux vingt ans dans les geôles birmanes. Reporters sans frontières et BMA ont par ailleurs rappelé qu’elles s’opposent à toute levée des sanctions européennes et nord-américaines avant la libération de tous les prisonniers politiques, notamment les journalistes, et la fin de la censure.
Le ministre Tin Hlaing a déclaré, le 19 mai 2002, qu’il « n’y avait plus de prisonniers politiques en Birmanie » après la levée de résidence surveillée d’Aung San Suu Kyi. Selon le membre de la junte militaire, environ deux cents membres de la Ligue nationale pour la démocratie (LND) sont en prison, mais pour des « crimes de droit commun ». Or Reporters sans frontières a recensé au moins seize journalistes emprisonnés et Amnesty International au moins mille cinq cents prisonniers politiques dans le pays.
Selon les informations recueillies par Reporters sans frontières et BMA, le célèbre journaliste et dissident Win Tin a été renvoyé, au cours de la semaine du 20 mai 2002, dans sa cellule spéciale de la prison d’Insein après avoir passé plusieurs mois dans une chambre de l’hôpital général de Rangoon. Win Tin, proche conseiller d’Aung San Suu Kyi emprisonné depuis 1989, était en convalescence après l’opération d’une hernie. Le 12 mars 2002, le journaliste et membre de la Ligue nationale pour la démocratie (LND), Win Tin, a célébré son soixante-douzième anniversaire en détention. Quelques jours auparavant, Win Tin avait reçu la visite à l’hôpital de M. Pinheiro, rapporteur spécial des Nations unies pour la Birmanie.
Par ailleurs, les responsables de la prison de Myitkyina (nord du pays) refusent de fournir toute information sur le sort du journaliste Sein Hla Oo, détenu dans cet établissement depuis 1997. Selon certaines sources, le ministère de l’Intérieur aurait donné l’ordre de suspendre toutes les visites des quinze prisonniers politiques de cet établissement. La dernière visite de l’épouse de Sein Hla Oo remonte à la fin de février 2002. Depuis, les responsables de la prison refusent de lui laisser voir son mari. D’autres familles de prisonniers politiques détenus à Myitkyina ont également essuyé un refus des geôliers. Ainsi, l’épouse de l’opposant Docteur Khin Zaw Win a été empêchée, à la mi-mai 2002, de voir son mari.
La peine de Sein Hla Oo s’est achevée en août 2001, mais les autorités militaires ne l’ont pas libéré, sans fournir aucune explication. En juin 2001, le journaliste avait été opéré d’une hernie discale. Après quelques jours de convalescence, il a été renvoyé en prison. Son épouse, qui réside à Rangoon, s’est rendue à plusieurs reprises à la prison de Myintkyina, connue pour ses conditions de détention très dures, où les prisonniers souffrent de la malaria, du froid, de la brutalité des gardiens et d’une nourriture très pauvre. Sein Hla Oo est l’un des dix-sept députés de la LND à ne pas avoir été libéré depuis l’ouverture d’un dialogue entre la junte militaire et Aung San Suu Kyi.