De nombreuses sources ont signalé un recours excessif à la force par la police, y compris de nombreux cas de passages à tabac qui ont été photographiés ou filmés par des médias ou des citoyens, et par la suit diffusés sur les réseaux sociaux.
Cet article a été initialement publié sur hrw.org le 25 janvier 2021.
Le 23 janvier, la police a arrêté plus de 3 650 personnes qui manifestaient à travers la Russie contre l’arrestation de l’opposant politique Alexeï Navalny et contre la corruption de l’État, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui. Il s’agissait du plus grand nombre de personnes détenues en une journée dans ce pays, selon OVD-Info, une organisation russe de défense des droits humains qui compile des données sur les rassemblements publics.
De nombreuses sources ont signalé un recours excessif à la force par la police, y compris de nombreux cas de passages à tabac qui ont été photographiés ou filmés par des médias ou des citoyens, et par la suit diffusés sur les réseaux sociaux. Malgré certains incidents de violence de la part des manifestants, la grande majorité des rassemblements étaient pacifiques.
Selon un expert indépendant, la manifestation du 23 janvier à Moscou était la plus importante dans cette ville depuis sept ans. Certains médias ont estimé que plus de 100 000 personnes sont descendues dans la rue dans plus de 100 villes en Russie.
« Dans le passé, les autorités russes ont souvent réprimé la liberté d’expression et les manifestations pacifiques en procédant à des arrestations massives parfois accompagnées de violences policières, et le 23 janvier n’a pas été une exception », a déclaré Damelya Aitkhozhina, chercheuse sur la Russie à Human Rights Watch. « Malgré leur obligation de respecter les droits fondamentaux des citoyens, les autorités choisissent plutôt de les bafouer. »
Les autorités avaient refusé d’autoriser la tenue de manifestations pacifiques demandées par Navalny et ses collaborateurs, invoquant les restrictions imposées en raison de la pandémie de Covid-19. Au moins 60 personnes – des collaborateurs de Navalny et d’autres activistes – ont été détenues avant les manifestions et le jour où elles ont été tenues, dans diverses régions de la Russie.
Le 22 janvier, l’avocat Mikhail Benyash a été arrêté à Krasnodar après avoir diffusé un message sur les réseaux sociaux demandant à ses collègues de fournir une aide juridique aux personnes qui pourraient être détenues. Le 23 janvier, la police a arrêté Yulia Navalnaya, l’épouse de Navalny, à Moscou. Son avocat n’a pas été autorisé à l’accompagner au commissariat poste de police. Elle a été libérée quelques heures plus tard. La police anti-émeute a arrêté Lioubov Sobol, une avocate de la Fondation contre la corruption (FBK), créée par Navalny, alors qu’elle parlait à des journalistes lors d’une manifestation.
Dans certaines villes, les manifestants se sont retrouvés face à une forte présence policière. Des policiers qui se trouvaient dans des véhicules près des places centrales se sont dirigés vers les foules pour disperser les manifestants, et ont procédé a des arrestations. À Ekaterinbourg, des journalistes ont filmé une unité de police anti-émeute en tenue de combat (à 1:20 de la vidéo), ainsi que des policiers munis de fusils d’assaut.
Les autorités de certaines villes ont engagé des poursuites pénales contre des individus accusés d’avoir appelé à des émeutes, de violences contre la police ou de violation des règles de santé publique liées à Covid-19.