Les révélations du journaliste d'investigation Maxime Borodine portaient sur les thèmes les plus sensibles, à commencer par la criminalité et la corruption.
Cet article a été initialement publié sur rsf.org le 16 avril 2018.
Le jeune journaliste d’investigation Maxime Borodine est mort le 15 avril 2018 à Ekaterinbourg, dans l’Oural, des suites d’une chute de son balcon. Reporters sans frontières (RSF) appelle à une enquête complète et impartiale qui examine toutes les hypothèses, y compris celle d’un assassinat lié à ses publications.
Dans quelles circonstances Maxime Borodine est-il tombé du quatrième étage de son immeuble, le 12 avril à Ekaterinbourg ? Le journaliste de l’agence Novy Den est mort trois jours plus tard, à l’âge de 32 ans, sans avoir repris connaissance. Ses révélations portaient sur les thèmes les plus sensibles, à commencer par la criminalité et la corruption. Il avait plusieurs fois fait parler de lui sur le plan national, ces derniers mois, avec des enquêtes sur l’engagement de mercenaires russes en Syrie, le scandale entourant l’oligarque Oleg Deripaska ou encore la polémique autour du film Matilda.
« Nous adressons nos sincères condoléances aux proches et collègues de Maxime Borodine, déclare Johann Bihr, responsable du bureau Europe de l’Est et Asie centrale de RSF. Nous exigeons une enquête complète et impartiale sur sa mort. Le caractère hautement sensible de ses investigations doit conduire les enquêteurs à examiner sérieusement toutes les hypothèses, y compris celle d’un assassinat lié à ses activités journalistiques. »
La police et le Comité d’enquête, en charge d’élucider les affaires les plus graves, ont déclaré n’écarter aucune hypothèse, même si la piste criminelle leur semblait à ce stade « peu probable ». L’appartement du journaliste était verrouillé de l’intérieur lorsque les enquêteurs y ont pénétré. Le défenseur des droits de l’homme local Viatcheslav Bachkov assure quant à lui avoir reçu un appel inquiet de Maxime Borodine la veille de sa chute mortelle. D’après ses proches, le journaliste avait fait état de plusieurs agressions ces derniers mois.
La Russie occupe la 148e place sur 180 au Classement mondial 2017 de la liberté de la presse, publié par RSF. L’organisation dénonce régulièrement l’impunité chronique des assassins et agresseurs de journalistes dans ce pays.