(RSF/IFEX) – Le 5 août 1994, San San Nweh, journaliste, écrivain et militante politique, est arrêtée à Rangoon (Birmanie) par les services de sécurité de l’armée (MIS). Elle purge actuellement une peine de dix ans de prison pour « diffusion d’informations préjudiciables à l’Etat » dans le but d' »instaurer le trouble ». Depuis son arrestation, elle croupit dans […]
(RSF/IFEX) – Le 5 août 1994, San San Nweh, journaliste, écrivain et militante politique, est arrêtée à Rangoon (Birmanie) par les services de sécurité de l’armée (MIS). Elle purge actuellement une peine de dix ans de prison pour « diffusion d’informations préjudiciables à l’Etat » dans le but d' »instaurer le trouble ». Depuis son arrestation, elle croupit dans une cellule de dix mètres carrés dans le pavillon des femmes de la prison d’Insein (Rangoon). San San Nweh doit également subir les interrogatoires du MIS et les brimades collectives. Ses geôliers ont refusé, à plusieurs reprises, de lui prodiguer les soins que son état de santé requiert.
Selon les dernières informations collectées auprès de ses proches, San San Nweh est très affaiblie par diverses maladies : une hypertension artérielle qui peut entraîner, à tout moment un infarctus ; des rhumatismes arthritiques qui ont déjà provoqué, en 1998, un début de paralysie ; une infection rénale ; une thrombopénie (manque de plaquettes dans le sang) qui déclenche des hémorragies à répétition. Les autorités de la prison lui ont récemment accordé le droit de se rendre, seulement pendant la journée, à l’infirmerie de la prison. Ce « privilège » lui permet de se reposer sur un lit et d’avoir accès à certains médicaments (aspirine). Les soins dont elle a impérativement besoin lui sont toujours refusés et elle doit dormir dans sa cellule insalubre.
San San Nweh partage sa cellule avec trois autres personnalités de la Ligue nationale pour la démocratie (LND, parti d’opposition dirigé par Aung San Suu Kyi, prix Nobel de la paix 1991), Daw San San, élue député de la LND en 1990, Daw Bo Ma et Dr Daw May Win Myint. Le toit de la cellule est très bas et il n’existe qu’une petite fenêtre qui ne permet pas à l’air de circuler normalement. Les prisonnières dorment sur des nattes de bambou tirées à même le sol. Les toilettes – une cuvette en terre dans un coin de la cellule – ne sont changées qu’une fois par jour. Elles sont obligées, à partir de 6 heures du matin, de s’asseoir par terre, les jambes croisées et la tête baissée. Il est interdit de parler sous peine de sanction. En revanche, San San Nweh a le « privilège » de pouvoir lire des livres religieux. Une fois par jour, pendant quinze minutes, les détenues sont conduites à la « douche » où elles ont le droit de parler.
En mars 2000, la fille de San San Nweh, Ma Myat Mo Mo Tun, a été libérée après avoir purgé une peine de cinq ans de prison. Elles ont longtemps été détenues ensemble. San San Nweh est toujours très inquiète de la situation de ses six enfants, privés de ressources depuis la mort de leur père et l’emprisonnement de leur mère. Sa famille se sacrifie depuis six ans pour collecter les 180 francs (approx. 25 $US) mensuels nécessaires pour lui apporter de la nourriture en prison (le revenu moyen, à Rangoon, est de 350 francs, ou 48 $US, par famille).
Depuis août 1994, San San Nweh est régulièrement interrogée par les hommes du MIS, très présents dans la prison d’Insein. Selon une ancienne détenue, des hommes arrivent parfois dans sa cellule, lui placent un sac de toile sur la tête et la conduisent dans la salle d’interrogatoire. Selon sa fille, les autorités lui proposent régulièrement de signer un texte dans lequel elle s’engagerait à ne plus participer aux activités de la LND, en échange de sa libération. San San Nweh a toujours refusé de se soumettre à ce chantage.
Aucun cas de torture physique contre San San Nweh n’a été relevé mais ces interrogatoires répétés la fatiguent énormément. Certaines prisonnières payent les gardiens pour éviter ces séances de « tortures psychologiques ».
Le 5 août 2000, RSF remettra à l’ambassade de Birmanie en France une pétition en faveur de la libération de San San Nweh, signée par plus de deux mille personnes. Cette pétition est toujours disponible sur www.rsf.fr.
Malgré les nombreuses interventions de Reporters sans frontières, San San Nweh n’a pas été libéré et n’a jamais pu bénéficier de traitements médicaux adéquats. Aujourd’hui, sa vie est danger.