(RSF/IFEX) – Des élections législatives doivent se tenir, le 22 janvier 2005, après avoir été repoussées en raison du tsunami qui a ravagé le pays. Le gouvernement a promis des élections libres, mais l’absence dramatique de liberté de la presse hypothèque toute chance d’un scrutin juste et équilibré. RSF regrette vivement que le gouvernement des […]
(RSF/IFEX) – Des élections législatives doivent se tenir, le 22 janvier 2005, après avoir été repoussées en raison du tsunami qui a ravagé le pays. Le gouvernement a promis des élections libres, mais l’absence dramatique de liberté de la presse hypothèque toute chance d’un scrutin juste et équilibré.
RSF regrette vivement que le gouvernement des Maldives n’ait pas pris les mesures nécessaires pour permettre aux médias d’informer librement lors de la campagne électorale pour le renouvellement du Majlis (Parlement). Le contrôle du Président, de sa famille et de ses fidèles sur les médias publics et privés est une violation flagrante de l’article 25 de la Constitution qui garantit « le droit d’exprimer sa conscience et ses idées oralement, par écrit ou par tout autre moyen ». Les Maldives ont été classées, en octobre 2004, à la 157e position sur 167, dans le classement mondial de la liberté de la presse élaboré par RSF.
L’organisation demande aux observateurs internationaux présents aux Maldives, notamment ceux du Commonwealth dirigés par l’ancien président de Maurice, de faire état dans leur rapport final du manque flagrant de liberté de la presse.
Depuis le début de la campagne, la radio gouvernementale, La Voix des Maldives, et la chaîne de télévision publique n’ont accordé qu’une place très réduite aux voix d’opposition. Le pays compte trois quotidiens privés et une dizaine de magazines. Le journal le plus important, « Haveeru », est contrôlé par l’ancien ministre de la Jeunesse et des Sports. Le quotidien « Aafathis » appartient au beau-frère du président Gayoom. Tandis que le troisième quotidien, « Miadhu Daily », est contrôlé directement par le chef de l’Etat. C’est le ministre de l’Information, Ahmed Abdullah, qui dirige la rédaction.
Les magazines et tabloïds privés sont plus libres, même si des proches de la présidence sont présents dans la majorité des comités de direction et de rédaction.
Le gouvernement maintient également une politique très stricte en ce qui concerne les licences de publication. En mars 2003, le ministère de l’Information avait résilié 22 licences pour « publication irrégulière », dont celle du « Monday Times » qui ne pouvait déjà plus paraître depuis que tous les imprimeurs du pays avaient refusé en 2002 de le mettre sous presse (consulter l’alerte de l’IFEX du 15 avril 2003).
Trois cyberdissidents, Mohamed Zaki, Ahmad Didi et Fathimath Nisreen, sont toujours privés de leur liberté pour avoir lancé un bulletin d’information électronique « Sandhaanu » (consulter des alertes du 2 décembre, 26 et 14 octobre, 18 août, 30 avril et 10 février 2004 et 21 janvier 2003). Ils ont été reconnus coupables d’avoir « insulté le Président » et d’avoir « tenté de renverser le gouvernement (. . .) en créant un bulletin d’information dénommé « Sandhaanu » », alors que le bulletin en divehi (langue des Maldives) ne comportait aucun appel à la violence. Zaki et Didi sont en résidence surveillée à Malé, tandis que Nisreen vient à nouveau d’être bannie sur l’île de Feeail. Un autre cyberdissident, Naushad Waheed, est en résidence surveillée après avoir été condamné en octobre 2002 à 15 ans de prison. RSF réitère sa demande de libération de ces quatre cyberdissidents.
Le 31 décembre 2004, le président Gayoom a levé les charges de « trahison » et de « trouble à l’ordre public » qui pesaient contre des dizaines d’opposants arrêtés pour avoir participé à une manifestation, en août, à Malé. Les quatre cyberdissidents n’en ont malheureusement pas profité.
Enfin, les sites d’information, notamment http://www.maldivesculture.com et http://www.minivannews.com, sont inaccessibles aux Maldives tandis que les programmes en ondes courtes de la radio Miniva (Radio Libre), basée à Londres, sont régulièrement brouillés à Malé. Ces médias donnent largement la parole aux opposants et aux exilés.