La MFWA se joint aux organisations des médias au Sénégal pour exiger la libération immédiate du journaliste qui n’aurait pas dû être détenu.
Cet article a été initialement publié sur mfwa.org le 10 novembre 2022.
La Fondation des Médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA) condamne fermement l’arrestation, la détention et l’inculpation du journaliste Pape Alé Niang, directeur du site d’informations privé DakarMatin. Nous demandons instamment aux autorités sénégalaises de libérer le journaliste sans condition aucune et d’abandonner toutes les charges portées contre lui.
Les autorités judiciaires ont inculpé Niang le 9 novembre 2022, et l’ont placé sous mandat de dépôt. Niang avait déjà passé trois jours en détention.
Selon les autorités, le journaliste est poursuivi pour divulgation d’informations susceptibles de nuire à la défense nationale, pour recel de documents administratifs et militaires, et pour diffusion de fausses nouvelles de nature à jeter le discrédit sur les institutions publiques.
Célèbre au Sénégal pour ses chroniques régulières sur l’actualité, Niang a été arrêté sur instruction du procureur de la République, Amady Diouf. Le procureur dit avoir constaté chez Niang, depuis un certain temps, des attaques répétées, non fondées et inacceptables dirigées contre les forces de défense et de sécurité.
Ces charges sont en rapport avec une publication faite par le journaliste le 3 novembre 2022, dans laquelle il alléguait la falsification des résultats d’enquêtes militaires sur les allégations de viol contre Ousmane Sonko, un politicien de haut rang.
« On lui reproche d’avoir divulgué des informations de nature militaire sans autorisation de la hiérarchie militaire et de nature à nuire à la défense nationale. Par ailleurs, des actes qui sont de nature à troubler l’ordre public, à créer des troubles pouvant entraver le fonctionnement normal des institutions et enfin la violation du secret professionnel », explique Me Ciré Clésdor Ly, avocat de Pape Alé Niang, qui dénonce également une atteinte à la liberté de la presse et d’expression.
Selon Pierre Aloba Diémé, également journaliste de DakarMatin, avec qui la MFWA s’est entretenu au téléphone, Pape Niang a été appréhendé en pleine ville sans mandat d’arrêt le 6 novembre 2022, et placé en garde à vue le même jour au commissariat central de Dakar.
L’arrestation de Niang a suscité l’indignation de la majorité de la presse et des organisations de défense des droits des journalistes. La Coordination des associations de presse (CAP) et le Syndicat des professionnels de l’information et de la communication du Sénégal (SYNPICS) témoignent de tout leur soutien au journaliste.
La MFWA se joint aux organisations des médias au Sénégal pour exiger la libération immédiate du journaliste qui n’aurait pas dû être détenu. Nous exhortons les autorités sénégalaises à se conformer à la constitution du Sénégal qui consacre la liberté de la presse.
Les allégations des journalistes peuvent être remises en question par une duplique ou signalées à l’autorité de régulation des médias pour qu’elle prenne une décision. Le fait de déclarer sommairement qu’une publication est une fausse nouvelle et, par conséquent, qu’elle constitue un crime, puis de sanctionner l’auteur, constitue un abus de pouvoir.
Nous demandons par conséquent aux autorités sénégalaises de veiller à ce que les journalistes et l’ensemble des médias au Sénégal puissent exercer leur métier à l’abri des intimidations, des harcèlements et de toute aliénation de leur droit fondamental à la liberté d’expression et à la liberté de la presse.