(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au président de la République fédérale de Yougoslavie, Slobodan Milosevic, RSF s’est indignée de la condamnation du journaliste serbe, Miroslav Filipovic, à sept ans de prison pour « espionnage » et « diffusion de fausses nouvelles ». « Cette condamnation d’un journaliste, la plus lourde jamais prononcée par les autorités serbes, est une étape […]
(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au président de la République fédérale de Yougoslavie, Slobodan Milosevic, RSF s’est indignée de la condamnation du journaliste serbe, Miroslav Filipovic, à sept ans de prison pour « espionnage » et « diffusion de fausses nouvelles ». « Cette condamnation d’un journaliste, la plus lourde jamais prononcée par les autorités serbes, est une étape supplémentaire dans la politique de répression menée par les autorités yougoslaves contre la liberté de la presse et les journalistes indépendants », a expliqué Robert Ménard, secrétaire général de RSF. Il a ajouté que « la liberté de la presse est totalement bafouée par le régime de Slobodan Milosevic, qui n’hésite pas à prendre toutes les mesures afin de museler la presse indépendante : amendes, menaces, retraits de licence, restrictions dans la livraison de papier, interpellations, et désormais emprisonnement des journalistes qui expriment des opinions contraires à celles du pouvoir », L’organisation a demandé « sa libération immédiate ainsi que l’abandon des charges qui pèsent contre lui ». RSF a rappelé qu’en janvier 2000, le rapporteur spécial des Nations unies sur la liberté d’opinion et d’expression a considéré que « l’emprisonnement en tant que condamnation de l’expression pacifique d’une opinion constitue une violation grave des droits de l’homme ».
Selon les informations recueillies par RSF, Filipovic, correspondant du quotidien indépendant « Danas » et de l’Agence France-Presse à Kraljevo (centre de la Serbie), a été condamné, le 26 juillet, par le tribunal militaire de Nis à cinq ans de prison pour « espionnage » et trois ans pour « diffusion de fausses nouvelles ». Le président de la Cour a finalement décidé de condamner le journaliste à une peine unique de sept ans. Arrêté le 8 mai dans son appartement à Kraljevo par des membres des services de sécurité, Filipovic avait été remis en liberté le 12 mai. Il avait de nouveau été incarcéré dix jours plus tard. Le 13 juin, il avait été inculpé d' »espionnage en relation avec la diffusion de fausses informations ». L’accusation était basée sur des articles traitant des activités de l’armée yougoslave, publiés sur le site Internet de l’Institute for War and Peace Reporting (IWPR), institut indépendant basé à Londres, dont il est également le correspondant. Le journaliste avait notamment recueilli les témoignages de militaires yougoslaves condamnant les exactions serbes au Kosovo. Filipovic a décidé de faire appel devant la Cour suprême militaire.
RSF a rappelé que depuis le début de l’année, une quinzaine de médias indépendants ont été fermés en Serbie. Plus de 200 médias électroniques, n’ayant pas vu leurs licences renouvelées, sont menacés de fermeture. Par ailleurs, une trentaine de médias ont été condamnés à payer de fortes amendes. Le montant total des sommes ainsi versées s’élève à 28 millions de dinars (2,4 millions $US, 2,6 millions d’euros) au cours des vingt derniers mois.