En l'espace d'une semaine, au moins quatre journalistes ont été violemment agressés par des agents de sécurité et des policiers.
(RSF/IFEX) – En l’espace d’une semaine, au moins quatre journalistes ont été violemment agressés par des agents de sécurité et des policiers en Chine. Cette violence touche indifféremment des journalistes chinois, hongkongais et étrangers.
« Sans une réaction ferme et proportionnée à l’encontre des agresseurs, les autorités auront du mal à juguler la montée inquiétante du nombre des violences à l’encontre de la presse. En effet, le climat de tensions sociale et ethnique au Xinjiang et dans le reste du pays ne peut justifier ces actes qui s’apparentent souvent à de la censure, notamment à l’encontre des journalistes d’investigation. Dans tous ces cas, les excuses des autorités locales ne peuvent pas être suffisantes », a affirmé Reporters sans frontières.
Des gardes de sécurité, au service des autorités de la ville industrielle de Dongguan (Sud-Est), ont agressé Liu Manyuan, journaliste pour « Le Quotidien de Canton ». Le journaliste a été hospitalisé le 31 août 2009 après avoir été passé à tabac par trois gardes de sécurité.
Dans une interview donnée à une chaîne de télévision de Canton, Liu Manyuan est revenu sur l’incident. Le 31 août au matin, le journaliste enquêtait sur les lieux d’un homicide dans le quartier de Humen, à Dongguan. Alors qu’il s’apprêtait à prendre des photos, deux gardes en uniforme lui ont ordonné, sur ordre de leur supérieur, de quitter les lieux. Les gardes l’ont projeté à terre et roué de coups pendant plus de dix minutes. Les nombreux témoins ne sont pas intervenus. Le journaliste, souffrant de nombreux hématomes aux bras et au cou, a été hospitalisé.
Un officiel local a déclaré que cet incident était dû au « manque de formation » des forces de l’ordre, notamment dans le domaine juridique. Selon « Le Quotidien de Dongguan », deux hommes ont été licenciés et ont reçu une amende de 500 yuans (environ 73 $US). Le journal rapporte que cet incident constitue le troisième cas de violence par des gardes de sécurité à l’encontre de journalistes, au cours des deux derniers mois.
Par ailleurs, dans le Xinjiang, trois journalistes de Hong Kong, dûment accrédités, ont été agressés le 4 septembre à Urumqi alors qu’ils couvraient les violences ethniques. Des policiers anti-émeutes les ont frappés alors qu’ils tentaient d’échapper à des tirs de lacrymogènes. Les reporters ont ensuite été maintenus au sol, les mains liées, pendant vingt minutes. Selon Lam Tsz-Ho, reporter de la chaîne TVB, les policiers les ont frappés à coups de bâton et leur ont confisqué leurs enregistrements.
Au même moment, cinq autres reporters de Hong Kong, dont des envoyés spéciaux de la radio-télévision RTHK, ont été brièvement détenus par la police à Urumqi. Et une équipe de l’agence APTN a vu ses équipements confisqués pendant cinq heures par des policiers à Urumqi. Ils ont ensuite été empêchés de filmer les manifestations.
Dans un autre cas, le 12 août, deux correspondants de médias de Hong Kong à Pékin avait été détenus dans un hôtel de Chengdu, province du Sichuan, alors qu’ils souhaitaient couvrir le procès du blogueur Tan Zuoren.
Selon la dernière enquête menée par le Foreign Correspondents’ Club of China (FCCC), au moins 32 journalistes étrangers ont été victimes de violences ou de destructions de matériel professionnel au cours de l’année qui a suivi les Jeux olympiques de Pékin. Par ailleurs, les incidents touchant les assistants chinois sont élevés : 21 ont été intimidés et 23 ont été interrogés par les autorités. Les Chinois qui parlent aux journalistes étrangers sont encore plus exposés : en un an, le FCCC a recensé plus de 80 incidents.
Lire l’intégralité du rapport : http://www.fccchina.org/2009/08/06/results-of-july-membership-survey/