(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au ministre de la Justice, Youri Tchaïka, RSF a exprimé sa préoccupation suite aux atteintes répétées à la liberté de la presse en Russie. « Depuis l’arrivée au pouvoir de Monsieur Vladimir Poutine, deux journalistes ont été assassinés, deux autres ont été arrêtés et un dernier est assigné à résidence. […]
(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au ministre de la Justice, Youri Tchaïka, RSF a exprimé sa préoccupation suite aux atteintes répétées à la liberté de la presse en Russie. « Depuis l’arrivée au pouvoir de Monsieur Vladimir Poutine, deux journalistes ont été assassinés, deux autres ont été arrêtés et un dernier est assigné à résidence. Si l’on ne peut rendre le président de la République responsable de tous ces actes, on peut légitimement s’inquiéter de la dégradation de la situation de la liberté de la presse », a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de l’organisation. RSF a notamment demandé des explications au sujet du meurtre de Sergueï Novikov, directeur d’une station de radio indépendante à Smolensk (est de Moscou). L’organisation a également demandé la libération d’ Irina Grebneva, du journal d’opposition « Arsenievskié Vesti », de la région de Primorié (est du pays).
Selon les informations recueillies par RSF, Novikov, directeur d’une radio de Smolensk, a été tué par des inconnus alors qu’il regagnait son domicile, dans la soirée du 26 juillet 2000. Selon la police, ce meurtre pourrait être lié aux activités de Novikov en tant que représentant du comité de direction d’une usine de verre. Le ministère de l’Intérieur évoque donc l’hypothèse de l’assassinat commandité, « très courant dans les milieux d’affaires russes ». En juin, Novikov avait écrit une lettre ouverte au gouverneur de Smolensk, citant les noms de personnes impliquées dans des affaires criminelles, et l’informant que si la situation ne s’améliorait pas, il se présenterait contre lui lors des prochaines élections. Le personnel de la radio estime que cette lettre pourrait être à l’origine de ce « crime politique ». Selon un reportage diffusée par la chaîne privée NTV, la station de radio a commencé à avoir des problèmes avec les autorités en 1999. Elle avait dû abandonner un projet d’émission télévisée intitulé « De l’autre côté du miroir » et consacré à la corruption dans l’administration régionale. Elle avait cependant continué à évoquer ce sujet sur les ondes.
Par ailleurs, Grebneva a été arrêtée, le 27 juillet à Vladivostok, pour avoir publié des extraits de conversations téléphoniques de responsables de l’administration locale. Elle est accusée de « délinquance » et d' »utilisation de mots grossiers dans des lieux publics ». La journaliste a été incarcérée dans une prison de Vladivostok réputée pour ses conditions de détention difficiles. Selon ses collègues, son arrestation serait un « acte de vengeance des autorités locales face à la ligne éditoriale du journal ».
RSF a également rappelé qu’Igor Domnekov, journaliste pour le bi-hebdomadaire indépendant « Novïa Gazeta », est décédé le 16 juillet 2000 des suites d’une attaque à coups de marteau, le 12 mai. Ses agresseurs l’auraient confondu avec l’un de ses collègues et voisin, Oleg Soultanov, qui enquêtait sur des affaires de corruption au sein d’entreprises de métallurgie (consulter les alertes de l’IFEX des 24 et 17 juillet et 16 mai 2000).
Dans le même temps, Vladimir Goussinski, le propriétaire du groupe de presse d’opposition Media-Most, dont les locaux avaient été perquisitionnés les 11 mai et 11 juillet derniers, a été emprisonné du 13 au 16 juinet inculpé d' »escroquerie » (consulter les alertes de l’IFEX du 15 juin 2000). Ses biens ont été placés sous séquestre. Les charges qui pesaient contre lui ont finalement été levées le 26 juillet.
Enfin, Andrei Babitsky, correspondant de la radio internationale Radio Free Europe / Radio Liberty, est assigné à résidence à Moscou. Il avait été arrêté le 16 janvier par les forces fédérales à la sortie de Grozny, puis « échangé » contre plusieurs soldats russes et remis à des combattants tchétchènes probablement pro-russes. Le journaliste a été inculpé d' »utilisation de faux documents » (consulter les alertes de l’IFEX des 19, 14 et 7 juillet, parmi d’autres).