MFWA condamne les peines d'emprisonnement et les montants scandaleux des amendes auxquels sont condamnés six journalistes pour avoir prétendument diffamé le Président Yahya Jammeh.
(MFWA/IFEX) – La Fondation pour les médias en Afrique de l’Ouest (MFWA) condamne énergiquement les peines d’emprisonnement ferme et les montants scandaleux des amendes auxquels sont condamnés six journalistes gambiens, dont une mère allaitante, pour avoir prétendument diffamé le Président Yahya Jammeh. Nous exhortons tous les défenseurs de la libre expression à dénoncer et à protester contre le verdict qui porte atteinte à la démocratie dans le pays et en Afrique tout entière.
Les sources de la MFWA ont rapporté que les six journalistes ont été reconnus coupables de tous les six chefs d’accusation de « diffamation criminelle » et de « sédition ». Les accusations contre les journalistes font suite à une déclaration de presse rendue publique le 11 juin 2009 par l’Union des Journalistes Gambiens (GPU), condamnant des commentaires désobligeants du Président Jammeh à l’endroit du journaliste Deyda Hydara, brutalement tué en 2004 par des assaillants pas encore identifiés.
Le 6 août 2009, le tribunal de Grande instance de Banjul, présidé par un juge nigérian, Emmanuel Fagbanle, a condamné chacun des journalistes à deux ans de prison ferme pour quatre des six chefs d’accusation par confusion des peines et sans l’option du versement d’amendes. Les journalistes ont également été condamnés à une amende totale de 500,000 dalasis (approx. 18 000 $US) chacun. Le défaut de paiement de l’amende équivaudrait à une peine supplémentaire de 4 ans d’emprisonnement pour les deux chefs d’accusation qui restent.
La MFWA n’est nullement surprise par ce développement. A chaque étape du procès, les autorités gambiennes ainsi que les tribunaux ont manifesté leur volonté de jeter les journalistes en prison. Les inculpés ont été arrêtés le 15 juin et détenus pendant plus de soixante douze heures sans comparaître devant un tribunal, comme stipulé par la Constitution du pays. Ils ont ensuite été traduits de façon expéditive devant un tribunal d’instance sans la présence de leurs avocats. Au début, le tribunal leur a ordonné de comparaître à nouveau le 7 juillet 2009, mais contre toute attente, les autorités les ont plutôt assignés à comparaître le 3 juillet.
La MFWA est attristée par l’arbitraire et l’indécente précipitation avec laquelle les tribunaux de la Gambie obéissent ouvertement aux ordres du Président Jammeh en jetant les journalistes en prison de façon expéditive.
La MFWA condamne avec véhémence l’emprisonnement des journalistes pour ces chefs d’accusation et dénonce des procédures judicaires qui violent tous les principes admis en matière de libre expression et de procès équitable. L’organisation exhorte à protester contre ce déni horrible des droits de l’homme en Gambie et, en particulier, de la liberté de presse et d’expression.