(RSF/IFEX) – A la veille du sixième anniversaire de la mort du journaliste de l’opposition Géorgiy Gongadze, les véritables commanditaires de son assassinat n’ont toujours pas été inquiétés. Le procès des trois officiers de police accusés d’avoir perpétré ce crime a repris à Kiev le 14 septembre 2006. Les nombreux rebondissements qui ont marqué l’enquête […]
(RSF/IFEX) – A la veille du sixième anniversaire de la mort du journaliste de l’opposition Géorgiy Gongadze, les véritables commanditaires de son assassinat n’ont toujours pas été inquiétés. Le procès des trois officiers de police accusés d’avoir perpétré ce crime a repris à Kiev le 14 septembre 2006. Les nombreux rebondissements qui ont marqué l’enquête depuis son début continuent à retarder l’élucidation de ce qui est devenu « l’affaire Gongadze ».
Le 14 septembre, la Cour de Justice de Kiev a réouvert le procès des assassins de Géorgiy Gongadze, deux jours avant le sixième anniversaire de la disparition du journaliste. Ni sa mère Lessia, ni sa femme Myroslava n’ont assisté à cette session. Serhiy Holovayi, ancien ministre de la Justice et nouvel avocat de Lessia Gongadze, était absent lui aussi pour des raisons inconnues, entraînant une prolongation de l’audience.
Olena Prytula, rédactrice en chef du journal en ligne « Ukrayinska Pravda » pour lequel travaillait Gongadze, a été entendue comme témoin. Elle a déclaré que Géorgiy Gongadze avait découvert qu’il était espionné et en avait informé dans une lettre ouverte le procureur général Mykhailo Potebenko. Il s’était ensuite tourné vers Oleksander Moroz, à l’époque chef du Parti socialiste, qui lui avait conseillé de se cacher. Olena Prytula a également déclaré reconnaître le visage de l’un des accusés, Mykola Protassov: « Je ne me souviens pas des circonstances mais je suis sûre de l’avoir déjà vu ».
Dans les deux mois qui se sont écoulés depuis la dernière audience, Protassov s’est plaint à de nombreuses reprises de problèmes de santé entraînant deux reports du procès et faisant craindre un troisième ajournement.
Interrogée par les journalistes présents, Valentyna Telychenko, avocate de Myroslava Gongadze a déclaré: « En accord avec la loi, son handicap ne joue en ce moment aucun rôle. Il pourra seulement espérer une réduction de sa peine. »
« Les difficultés innombrables qui jalonnent cette affaire renforcent notre crainte de ne jamais voir les véritables responsables de l’assassinat traduits en justice », a déclaré Reporters sans frontières. » Les « enregistrements Melnichenko » qui avaient été rendus publiques dans la presse, indiquent pourtant que la décision de faire disparaître ce journaliste émanait des plus hautes instances du pays.
Malgré les changements survenus à la tête de pays et l’engagement du président Iouchtchenko – qui a ouvert le procès au public, l’enquête reste aujourd’hui au point mort », a ajouté l’organisation de défense de la liberté de la presse.
Mi-août, Myroslava Gongadze a annoncé vouloir porter plainte contre les procureurs chargés du procès de son mari. Interrogée sur ce point, son avocate Valentyna Telychenko précise qu’ « il n’y pas de lois obligeant l’Etat à dédommager les victimes des actes commis par ses fonctionnaires. »
La veuve du journaliste ne pourra donc recevoir aucun dommage et intérêts pour la longueur du procès. Elle continue à espérer que toutes les personnes impliquées dans l’assassinat de son mari seront punies.