Le 20 novembre 2013, Mohamed Bashir Hashi et une jeune fille ont été arrêtés par la police, suite à une plainte déposée par l’un des deux journalistes mentionnés dans la vidéo.
Reporters sans frontières condamne vivement l’arrestation du journaliste Mohamed Bashir Hashi ainsi que la politique de harcèlement du gouvernement à l’encontre de Radio Shabelle et des médias indépendants en Somalie.
« Nous appelons les autorités à remettre en liberté Mohamed Bashir Hashi et la jeune femme qu’il a interviewée dans les plus brefs délais. Cette arrestation prouve la volonté du gouvernement de faire taire toute voix critique quelque soit le sujet et montre à quel point il a besoin de revoir ses priorités en matières de droits de l’homme et de liberté de l’information, » a déclaré Reporters sans frontières.
« Nous nous félicitons de la réaction des Nations unies qui rappellent l’importance de la liberté d’information, et demandons à la communauté internationale de prendre des dispositions concrètes pour faire respecter ce droit trop souvent bafoué dans le pays le plus meurtrier d’Afrique pour les journalistes, » a ajouté l’organisation.
Le journaliste Mohamed Bashir Hashi avait publié sur le site de Radio Shabelle une vidéo dans laquelle il interviewait la jeune reporter qui affirmait s’être fait violer par deux confrères journalistes. Le 20 novembre 2013, le journaliste et la jeune fille ont été arrêtés par la police, suite à une plainte déposée par l’un des deux journalistes mentionnés dans la vidéo. Le directeur de Shabelle Media network, propriétaire de Radio Shabelle, Abdiimalik Yusuf, a également été brièvement détenu sous prétexte que la caméra ayant filmé l’entretien appartenait à Radio Shabelle.
Ça n’est pas la première fois que les autorités arrêtent une victime de viol qui a osé dénoncer ses assaillants. En février dernier, une autre jeune fille ainsi que le journaliste qui l’avait interviewé avaient été condamnés à un an de prison avant d’être libérés deux mois plus tard sous le feu des critiques internationales.
En réaction à cet acte de violence et à cette arrestation arbitraire, le représentant spécial des Nation unies pour la Somalie, Nicholas Kay, a déclaré le 20 novembre que « le droit à un avocat, l’enquête et la liberté des médias sont des questions importantes ».
Le site internet de Radio Shabelle constitue le dernier espace de libre expression pour la radio qui ne peut plus émettre depuis le 26 octobre 2013, date à laquelle ses journalistes ont été chassés de ses locaux et son équipement confisqué par les forces de police. Reporters sans frontières et des membres de International Freedom of Expression Exchange (IFEX) s’étaient alors mobilisés au travers d’une lettre ouverte [1] au gouvernement somalien et aux chancelleries occidentales, restée sans réponse.
Le 16 novembre, les responsables de la radio ont finalement eu accès au bâtiment et on retrouvé leur équipement radio et vidéo, entièrement endommagé et inutilisable.
Le Ministère de l’Information aurait explicitement refusé d’accorder une autorisation d’émettre à Radio Shabelle, alors qu’il en fourni à d’autres radios de la capitale.
La Somalie se classe au 175ème rang sur 179 pays dans le Classement de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières en 2013.
Notes
[1] Cliquez ici pour télécharger la lettre de Reporters sans frontières au Premier ministre somalien.