(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières demande la remise en liberté du professeur congolais Idesbald Byabuze Katabaruka, incarcéré depuis le 16 février 2007 au Rwanda, en raison des risques pour sa santé et de la faiblesse des accusations portées contre lui. Arrêté pour un rapport critique sur la gestion du Rwanda par le président Paul Kagame, […]
(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières demande la remise en liberté du professeur congolais Idesbald Byabuze Katabaruka, incarcéré depuis le 16 février 2007 au Rwanda, en raison des risques pour sa santé et de la faiblesse des accusations portées contre lui. Arrêté pour un rapport critique sur la gestion du Rwanda par le président Paul Kagame, publié en 2005 et dont il affirme ne pas être l’auteur, il a été condamné à 30 jours de détention préventive en attendant son procès.
« Cette affaire désolante est révélatrice de l’extrême irritabilité des autorités rwandaises face aux critiques. Nous voulons leur redire que la confrontation pacifique d’opinions contradictoires est le signe qu’une démocratie est vivante. En revanche, jeter en prison un homme pour un texte critique, tant qu’il n’appelle pas explicitement à la violence ou à la haine, est injuste et disproportionné. Idesbald Byabuze Katabaruka, qui accepte de comparaître devant un tribunal pour répondre de l’accusation portée à son encontre, doit être libéré non seulement pour cette raison, mais également à cause des risques importants que les conditions de détention représentent pour sa santé », a déclaré l’organisation.
Idesbald Byabuze Katabaruka a été arrêté dans sa classe, le 16 février, alors qu’il donnait des cours à l’Université laïque adventiste de Kigali (UNILAK), par un policier qui lui a indiqué qu’il devait « répondre à quelques questions ». Conduit au quartier général de la police nationale, il a été interrogé pendant cinq heures et a passé la nuit en cellule, au poste de police de Kacyiru, un quartier de Kigali. Transféré ensuite au commissariat de Kicukiro puis de Gikondo, le procureur lui a signifié qu’il était poursuivi pour « atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat », »ségrégation » et « sectarisme ». Il a été condamné par le tribunal de Kagarama, le 23 février, à trente jours de détention préventive, dans l’attente de son procès.
Egalement professeur à l’Université catholique de Bukavu (Sud-Kivu), à l’est de la République démocratique du Congo (RDC), il est à l’initiative de « Mashariki News », un journal ayant fait paraître deux numéros. Rédacteur depuis plusieurs années de rapports alarmants sur la situation humanitaire à la frontière rwando-congolaise, il a été cosignataire, le 8 juin 2005, d’un texte intitulé « Alerte Rwanda » destiné à l’agence de presse des missionnaires catholiques, Missionary Service News Agency (MISNA). Les deux autres signataires sont une soeur italienne et une soeur congolaise des Missions catholiques de l’est de la RDC. Le texte est une critique acerbe de la gestion du Rwanda par le président Paul Kagame et son parti, le Front patriotique rwandais (FPR), depuis son accession au pouvoir en 1994.
Rencontré par Reporters sans frontières à la prison centrale de Kigali (PCK), dite « 1930 », Idesbald Byabuze Katabaruka affirme que son nom a été apposé à ce texte de manière « malencontreuse » et qu’il n’en assume pas le contenu. « On a dû mettre ma signature en bas de ce document parce qu’à l’époque, je supervisais certaines actions de ces religieuses », a-t-il déclaré. Lors de sa première comparution, à Gikondo, l’universitaire a demandé à la cour « d’accepter [ses] modestes et vrais mots de pardon, d’amour et de réconciliation » entre le Rwanda et la RDC, « qui en ont tant besoin ». Amputé des trois quarts de son estomac, Idesbald Byabuze Katabaruka doit suivre un régime alimentaire spécial et un traitement médicamenteux dont il ne dispose plus depuis son carcération.