Quinze journalistes - dont les correspondants de l'AFP, Reuters et Al-Arabiya - ont été arrêtés cette semaine par les services de renseignement et de sécurité soudanais pour avoir couvert des manifestations liées à la hausse sans précédent des prix du pain.
Cet article a été initialement publié sur rsf.org le 19 janvier 2018.
Quinze journalistes – dont les correspondants de l’AFP, Reuters et Al-Arabiya – ont été arrêtés cette semaine par les services de renseignement et de sécurité soudanais pour avoir couvert des manifestations liées à la hausse sans précédent des prix du pain. Reporters sans frontières (RSF) demande aux autorités de relâcher les journalistes et de cesser toute tentative de restreindre la liberté d’informer.
Le 16 janvier 2018, au moins treize journalistes ont été arrêtés par les services de renseignement et de sécurité soudanais (NISS), alors qu’ils couvraient les manifestations initiées par le Parti communiste contre la hausse du prix du pain, à Khartoum, selon des sources de RSF. La plupart d’entre eux ont été relâchés le jour même après plusieurs heures de détention – parmi lesquels les correspondants de la BBC, Mohamed Mohamed Osman, et de la chaîne TV Al-Arabiya, Abdulaziz Ibrahim et de l’Agence Anadolu, Behram Abdelmunim.
Le 17 janvier, ce sont les correspondants de Reuters, Khalid Abdel Aziz et de l’AFP, Abdel Moneim Abu Idriss qui ont été arrêtés pour avoir couvert ces manifestations qui se poursuivaient à l’appel du principal parti d’opposition Oumma, dans la ville d’Omdourman, au nord-est de Khartoum.
« Le maintien en détention d’au moins huit journalistes est manifestement arbitraire : RSF appelle à leur libération immédiate, déclare Christophe Deloire, secrétaire général de RSF. Les autorités ont la responsabilité de garantir la sécurité des journalistes plutôt que de les prendre pour cibles ».
A ce jour, huit journalistes sont maintenus en détention. Outre les journalistes de Reuters et de l’AFP, Shawky Abdelazim, éditeur du quotidien indépendant d’Al-Youm Al-Tali, Imtinan El Radi du même journal et Hayder Ahmed Khair Alla du quotidien Al-Jareeda n’ont toujours pas été libérés, alors qu’aucune charge n’est pour l’heure retenue officiellement contre eux. C’est le cas aussi d’Amal Habani, journaliste pour le site en ligne Al-Taghyir et lauréate du prix Amnesty International pour son travail sur les droits de l’Homme au Soudan, qui avait déjà fait l’objet d’interpellations et de condamnations dénoncées par RSF en 2011, 2016, et 2017. D’après nos informations, Amal Habani a été transférée, le 17 janvier, à la prison pour femmes à Omdourman, sans avoir eu accès à un avocat.
Le Réseau des Journalistes Soudanais (Sudanese Journalists Network) a réagi en demandant leur libération immédiate et a également condamné l’interdiction imposée, le 15 janvier, aux éditeurs de journaux de ne publier aucune information relative aux manifestations et aux vagues d’arrestations. Le quotidien indépendant Al-Jareeda et le journal Al-Midan du Parti communiste, qui avaient déjà été confisqués les 7 et 8 janvier, ont été de nouveau saisis le 15 janvier pour avoir couvert la hausse des prix et les manifestations.
Le Conseil des droits de l’Homme des Nations unies avait souligné en mars 2014 le rôle essentiel des journalistes dans la couverture de manifestations.
Le Soudan reste en fin de peloton en conservant la 174ème place sur 180 dans le Classement 2017 de la liberté de la presse établi par RSF.