(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au Premier ministre, Agbeyome Kodjo, RSF a protesté contre la suspension de deux émissions de la station de radio privée Victoire. « Les deux émissions censurées, « Revue de presse » et « Vice-Versa », permettaient à des responsables de journaux et à des auditeurs d’exprimer leur opinion sur l’actualité. Leur suspension montre que […]
(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au Premier ministre, Agbeyome Kodjo, RSF a protesté contre la suspension de deux émissions de la station de radio privée Victoire. « Les deux émissions censurées, « Revue de presse » et « Vice-Versa », permettaient à des responsables de journaux et à des auditeurs d’exprimer leur opinion sur l’actualité. Leur suspension montre que les autorités togolaises ne tolèrent toujours pas la critique. C’est une atteinte à la liberté de la presse », a précisé Robert Ménard, secrétaire général de l’organisation. RSF a rappelé que le rapporteur spécial des Nations unies sur la promotion et la protection du droit à la liberté d’opinion et d’expression avait déclaré, en novembre 2000, que les autorités publiques doivent accepter un degré de critique plus important que n’importe quel autre citoyen, de manière à permettre un débat sur les sujets d’intérêts publics. « Nous demandons aux autorités togolaises de revenir sur leur décision et de permettre à cette radio privée de reprendre le cours normal de ses émissions », a ajouté Ménard.
Selon les informations recueillies par RSF, la Haute Autorité de l’audiovisuel et de la communication (HAAC, instance publique de régulation audiovisuelle) a mis en demeure la radio privée Victoire de cesser de diffuser les deux émissions « Revue de Presse » et « Vice-Versa » jusqu’à nouvel ordre. Dans une lettre datée du 29 novembre 2001, la HAAC a justifié cette décision par le fait que « ces émissions controversées conduisent leurs animateurs à des commentaires passionnés, diffamatoires, discréditant les autorités constitutionnelles et administratives » du Togo.
La veille, le Premier ministre avait exprimé sa désapprobation à un représentant de la station, à propos d’un journal d’informations qui relatait la visite du président Gnassingbé Eyadema en France, ses relations avec le président Jacques Chirac et la situation des droits de l’homme au Togo.
RSF a par ailleurs rappelé que cette année encore, des milliers d’exemplaires de journaux privés ont été saisis et confisqués ou détruits par la police. Ces mesures ont été facilitées par l’adoption d’un nouveau Code de la presse permettant au ministre de l’Intérieur et de la Sécurité « d’ordonner la saisie par arrêté des exemplaires de toute publication dont le contenu constitue un délit de presse ». L’existence même de certains titres est menacée par ces saisies répétées à tel point qu’en avril, l’Union des journalistes indépendants du Togo (UJIT) avait demandé à la HAAC de « jouer pleinement son rôle » de garant de la liberté d’expression.