Le 3 décembre 2014, le Times of Swaziland, l’unique quotidien privé du Swaziland a été condamné par la Cour suprême à une amende record de 550 000 lilangeni (41 000 euros), une amende exorbitante qui s’apparente à un arrêt de mort.
Cet article a été initialement publié sur rsf.org le 11 décembre 2014.
Reporters sans frontières dénonce la condamnation de l’unique quotidien indépendant swazi, le Times of Swaziland, à une amende exorbitante qui s’apparente à un arrêt de mort.
Le 3 décembre 2014, le Times of Swaziland, l’unique quotidien privé du Swaziland a été condamné par la Cour suprême à une amende record de 550 000 lilangeni (41 000 euros). Le journal a été reconnu coupable de propos diffamatoires tenus à l’encontre de la présidente du Sénat, également responsable ad interim à l’époque du territoire KoNtshingila, Gelane Simelane-Zwane. L’article qui date de mai 2009 parlait des débats en cours au sein de la chefferie sur le nom de famille de Gelane Simelane-Zane qui aurait pu remettre en cause la légtimité de sa nomination.
« Cette amende, la plus élevée jamais reçue par un média swazi pour diffamation, est totalement disproportionnée par rapport aux faits reprochés au journal, déclare Cléa Kahn-Sriber, responsable du bureau Afrique de Reporters sans frontières. Lorsqu’on connaît la situation financière des médias dans ce pays, on ne peut voir dans cette peine exorbitante qu’une tentative du gouvernement d’étouffer le seul quotidien indépendant du Swaziland. Reporters sans frontières demande l’annulation pure et simple de ce jugement disproportionné qui n’a vocation qu’à museler la presse. »
Selon les informations publiées par MISA, cette amende est deux fois plus élevée que les dommages et intérêts initialement requis par la plaignante elle-même, ce qui souligne la volonté de sanction forcenée des autorités judiciaires, à l’encontre de ce journal et des médias en général.
Le président de la cour suprême Michael Rambodibedi était déjà impliqué dans la condamnation du rédacteur en chef du magazine politique mensuel The Nation, Bheki Makhubu. Le 5 décembre dernier, Mpendulo Simelane, juge et parti de cette affaire a refusé la demande de liberté sous caution du journaliste estimant qu’il risquait de fuir, alors même que Bekhi Makhubu s’était volontairement rendu à la police au moment de son arrestation.
Le Swaziland, seule monarchie absolue du continent africain, occupe la 156e position du Classement mondial 2014 sur la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières.