RSF condamne l'agression et les menaces réitérées par les forces de l'ordre contre Djimet Wiché, directeur de publication d'un site d'information tchadien, alors qu'il couvrait des manifestations contre la mauvaise gouvernance et les mesures d'austérité à la capitale N'Djamena.
Cet article a été initialement publié sur rsf.org le 13 février 2018.
Reporters sans frontières (RSF) condamne l’agression et les menaces réitérées par les forces de l’ordre contre Djimet Wiché, directeur de publication d’un site d’information tchadien, alors qu’il couvrait des manifestations contre la mauvaise gouvernance et les mesures d’austérité à la capitale N’Djamena.
Pour la seconde fois en deux semaines d’intervalle, Djimet Wiché, directeur de publication du site d’information Alwihda Info, a été interpellé, le 8 février, par l’Agence nationale de sécurité (ANS) alors qu’il couvrait une marche pacifique organisée par la société civile contre la mauvaise gouvernance et les mesures d’austérité du gouvernement à N’Djamena.
D’après le témoignage du journaliste diffusé sur la radio privée DJA FM, l’ANS lui a arraché son appareil photo et son téléphone portable ainsi que sa carte de presse. Le tout a été remis à une patrouille de police qui l’a embarqué manu militari. Avant de le relâcher, le chef de la patrouille de police l’a toutefois menacé : « Si jamais tu publies les photos dans les colonnes d’un journal ou bien sur les réseaux sociaux, on saura pertinemment que c’est toi et on viendra te chercher ». Après avoir accepté de ne pas les publier, tout son matériel lui a été restitué.
Le 25 janvier, Djimet Wiché avait déjà été pris pour cible lors de la couverture d’une manifestation contre le gouvernement. Le directeur de publication avait, alors, été asséné de coups de poings et traîné au sol sur une centaine de mètres par les forces de police. Le lendemain, le porte-parole de la police nationale avait fini par lui présenter ses excuses.
« Toute forme d’agression et d’intimidation visant à empêcher un journaliste de faire son travail est totalement inacceptable, dénonce Reporters sans frontières. Les autorités doivent prendre conscience du rôle essentiel des journalistes dans la couverture des manifestations et doivent leur permettre d’exercer leur mission sans crainte de représailles. Nous rappelons qu’il est de leur responsabilité de garantir la sécurité des journalistes, et ce d’autant plus, à l’approche des élections législatives ».
Le secrétaire général du Conseil national de la résistance pour la démocratie a condamné ces brutalités policières et rappelé aux autorités qu’elles doivent permettre au journaliste d’exercer son métier librement et sans contrainte.
Djimet Wiché a décidé de déposer une plainte contre l’ANS et la police nationale qui sera soutenue par les corporations de la presse tchadienne.
Le Tchad occupe la 121ème place sur 180 dans l’édition 2017 du Classement de la liberté de la presse établi par RSF.