(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au procureur général de la République démocratique du Congo (RDC), RSF demande l’ouverture « au plus vite » d’une « enquête sérieuse pour retrouver et punir les auteurs » de la tentative d’assassinat de Jean Ngandu, journaliste de Radio Okapi, le 28 mai 2005 dans la soirée à Lubumbashi. « Reporters sans frontières prend […]
(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au procureur général de la République démocratique du Congo (RDC), RSF demande l’ouverture « au plus vite » d’une « enquête sérieuse pour retrouver et punir les auteurs » de la tentative d’assassinat de Jean Ngandu, journaliste de Radio Okapi, le 28 mai 2005 dans la soirée à Lubumbashi.
« Reporters sans frontières prend très au sérieux cette tentative d’assassinat, signe du climat de plus en plus hostile qui règne dans les provinces de la RDC à l’encontre de la presse indépendante, a écrit l’organisation. Cette inquiétante dégradation est certes nourrie par les haines politiques, mais aussi par l’impunité dont bénéficient les agresseurs. C’est pourquoi nous vous appelons à mettre un coup d’arrêt à cette dérive, pour que la RDC ne devienne pas le pays le plus dangereux d’Afrique pour les journalistes ».
Selon son récit, Ngandu rentrait chez lui, aux alentours de 20h00 (heure locale), dans le quartier Bel-Air de la commune de Kampemba, lorsqu’il a été interpellé verbalement par un homme en uniforme qu’il ne connaissait pas. Le soldat, accompagné de deux autres militaires, lui a intimé l’ordre de s’arrêter et lui a lancé, en swahili : « Tu parles trop, on va en finir avec toi ». Il a alors chargé son arme et a tiré cinq balles en direction du journaliste, sans parvenir à le toucher. Un policier alerté par le bruit des coups de feu, voisin de Ngandu, est intervenu en tirant en l’air avec son arme de service, mettant les agresseurs en fuite. Ceux-ci ont emporté un sac contenant le matériel de reportage du journaliste. Selon des voisins, une quinzaine de militaires auraient auparavant été vus dans le quartier, leur faisant penser que Ngandu était « attendu ».
« Ce n’est pas la première fois que des journalistes sont pris pour cibles dans la province du Katanga, a ajouté RSF dans son courrier. A chaque dégradation du climat politique, les professionnels des médias subissent la violence arbitraire, verbale ou physique, des protagonistes de la crise. En tant que journaliste, Jean Ngandu avait récemment enquêté sur des exactions commises par les milices ‘Maï-Maï’ dans le nord de la province, ainsi que sur la crise provoquée par une tentative de sécession de la province du Katanga, condamnée par le gouvernement ».
L’organisation souligne enfin « la désinvolture » avec laquelle le vice-gouverneur de la province du Katanga a pris cette agression. Interrogé par l’organisation Journaliste en danger (JED), Diemu Tshikez a ironisé, en affirmant : « L’histoire est trop belle pour être vraie. On ne peut pas tirer cinq fois sur quelqu’un et le rater ».