(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières demande la libération de Tomo Kriznar, condamné le 14 août 2006 à deux ans de prison et à 500 000 dinars (environ 1820 euros) d’amende par la cour pénale d’El Fasher, capitale de l’Etat du Nord-Darfour (Ouest). « Reporters sans frontières dénonce cette manoeuvre scandaleuse de la part du gouvernement soudanais, […]
(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières demande la libération de Tomo Kriznar, condamné le 14 août 2006 à deux ans de prison et à 500 000 dinars (environ 1820 euros) d’amende par la cour pénale d’El Fasher, capitale de l’Etat du Nord-Darfour (Ouest).
« Reporters sans frontières dénonce cette manoeuvre scandaleuse de la part du gouvernement soudanais, qui vise clairement à dissuader les journalistes et les militants humanitaires d’enquêter sur les massacres à grande échelle qui ont lieu depuis trois ans au Darfour. Tomo Kriznar a utilisé son statut d’écrivain, de photographe et de militant des droits de l’homme afin de dénoncer cette crise humanitaire majeure. Le gouvernement ne peut pas d’un côté négocier avec les groupe rebelles sous l’égide de la Slovénie et de l’autre emprisonner sous un motif absurde un représentant de ce même pays », a déclaré Reporters sans frontières.
Tomo Kriznar a été condamné pour « espionnage », « publication de fausses nouvelles » (articles 53 et 66 du code pénal de 1991) et « entrée au Soudan sans visa » (article 10 du Passports, Migration and Nationality Act de 1994), selon les déclarations du ministre de la Justice, Mohamed Ali al-Mardhi, relayées par l’agence de presse officielle, Suna. Ses appareils photographiques, sa caméra, ses téléphones et son ordinateur portable ont été confisqués. En cas de non paiement de l’amende, six mois de prison supplémentaires lui seront imposés. Le jugement prévoit son expulsion au terme de sa peine.
Son avocat, Me Mohamed Mahjoub, l’ancien doyen des avocats de l’Etat du Nord-Darfour, a prévu de faire appel sous deux jours. Son autre avocat a déclaré à Reporters sans frontières que les conditions du procès équitable n’avaient pas été respectées. « On ne nous a pas laissé assez de temps pour défendre notre client » (We were not given enough time to defend our client »).
Le président slovène Janez Drnovsek a écrit au président soudanais Omar El Bechir pour lui demander de pardonner son envoyé spécial, faisant remarquer que la condamnation était « absolument trop sévère » (« absolutely too harsh ») pour une simple infraction consulaire.
Lors d’une audience, le 1er août, Tomo Kriznar a reconnu être entré au Soudan sans visa depuis la frontière tchadienne, selon lui sur l’invitation du Mouvement de Libération du Soudan (SLM), mais il a rejeté l’accusation d’espionnage. Le visa lui avait été refusé par l’ambassade du Soudan à Vienne (Autriche), à cause de ses écrits « négatifs », selon le ministère des Affaires étrangères soudanais. Il a en effet publié plusieurs articles dans les journaux slovènes et sur son site Internet, http://www.tomokriznar.com , sur la situation au Darfour.
Suite à son arrestation, le 19 juillet, pour entrée illégale sur le territoire, les autorités slovènes, ainsi que la mission de l’Union africaine à El Fasher, ont immédiatement appelé à sa libération.
En février 2006, le président slovène avait proposé un plan pour résoudre la crise dans la province occidentale du Soudan et l’envoi d’une mission sur place, sous l’égide de Tomo Kriznar. La Slovénie a activement participé aux pourparlers entre le gouvernement et les groupes rebelles à Abuja en mai 2006, qui ont vu l’entrée au gouvernement du SLM.
Depuis 2003, le conflit au Darfour a fait plus de 200 000 victimes et plus de deux millions de déplacés.