(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au directeur général des Forces de sécurité frontalière (BSF – Border Security Forces, paramilitaires), Gurbachan Jagat, RSF a protesté contre l’agression de treize photographes, cameramen et journalistes par des membres de la BSF dans la province du Jammu-et-Cachemire. L’organisation a demandé qu’une enquête soit diligentée pour identifier et sanctionner […]
(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au directeur général des Forces de sécurité frontalière (BSF – Border Security Forces, paramilitaires), Gurbachan Jagat, RSF a protesté contre l’agression de treize photographes, cameramen et journalistes par des membres de la BSF dans la province du Jammu-et-Cachemire. L’organisation a demandé qu’une enquête soit diligentée pour identifier et sanctionner les auteurs de ces attaques. RSF a demandé à être tenue au courant des avancées de l’enquête. « Les autorités indiennes doivent réagir avec vigueur afin que les journalistes qui travaillent au Cachemire ne soient plus pris entre deux feux », a rappelé Robert Ménard, secrétaire général de RSF.
Déjà en janvier 2001, Surinder Oberoi, correspondant de l’Agence France-Presse (AFP) et de RSF à Srinagar, avait été agressé et menacé de mort par un officier de la police du Cachemire. Celui-ci n’a jamais été sanctionné malgré les promesses de responsables de la police.
Selon les informations obtenues par RSF, treize journalistes, cameramen et photographes ont été frappés et menacés de mort, le 10 mai, par des éléments du 194e bataillon des BSF alors qu’ils se trouvaient à Magam (trente kilomètres au nord de Srinagar, la capitale d’été du Cachemire). Il s’agit de Kumaramanglam et Sanam Anjum, cameramen de la chaîne de télévision Enadu TV, Syed Muzaffar, photographe du quotidien « Srinagar Times », Sheikh Mushtaq, journaliste de l’agence de presse Reuters, Faya Kabuli, photographe de Reuters, Fayaz Ahmed, photographe du « Daily Aftab », Nassir Ahmed, cameraman de la chaîne de télévision Zee TV, Bilal Bhat, photographe de « Asian News International », Ajaz Rahi, photographe de l’agence de presse Associated Press, Mehraj-u-din, cameraman d’Associated Press Television, Shujat Bhukhar, journaliste du quotidien « The Hindu », Tauseef Mustafa, photographe de l’AFP, et Missar Ahmed, photographe du quotidien « The Hindu ». Le groupe de professionnels de l’information, venu de Srinagar, a été pris à partie par des membres des BSF dirigés par l’officier M. Malik. Celui-ci a ordonné à ses hommes de chasser les journalistes en les frappant à coups de mitraillettes. Le cameraman de Enadu TV a du être hospitalisé pour une blessure à la tête. Au moins six appareils photos et des cameras ont été endommagés au cours de cette attaque. Les forces de sécurité reprochaient aux journalistes d’aggraver les tensions dans la ville. La veille au soir une bombe portée par un commando suicide déguisé en vendeurs de glaces, avait explosé tuant huit personnes. Une fusillade entre un groupe de séparatistes cachemiris et des membres des forces de sécurité avait éclaté provoquant notamment la mort d’un officier de la BSF. Plus tard, ses collègues avaient patrouillé dans les rues de la ville en détruisant des boutiques.
Dans cette province himalayenne disputée par l’Inde et le Pakistan, plusieurs groupes armés séparatistes mènent, depuis douze ans, une guerre contre l’Inde qui aurait déjà fait plus de cinquante mille morts. Les journalistes qui couvrent le conflit sont pris entre les feux des séparatistes et des forces de sécurité.
Dix journalistes ont été tués au Cachemire depuis le début de l’insurrection en 1989. La plupart de ces crimes sont restés impunis.