(RSF/IFEX) – Voici trois ans, le 13 décembre 1998, Norbert Zongo, directeur de l’hebdomadaire « L’Indépendant », était assassiné sur une route dans le sud du Burkina Faso. Aujourd’hui, RSF s’étonne que l’instruction n’avance pas. Les commanditaires de cet assassinat ne sont pas inquiétés, renforçant ainsi le sentiment que la justice burkinabé fonctionne à deux vitesses. Malgré […]
(RSF/IFEX) – Voici trois ans, le 13 décembre 1998, Norbert Zongo, directeur de l’hebdomadaire « L’Indépendant », était assassiné sur une route dans le sud du Burkina Faso. Aujourd’hui, RSF s’étonne que l’instruction n’avance pas. Les commanditaires de cet assassinat ne sont pas inquiétés, renforçant ainsi le sentiment que la justice burkinabé fonctionne à deux vitesses. Malgré les déclarations contraires des autorités, l’impunité règne toujours au « pays des hommes intègres ». Le frère du président de la République, François Compaoré, largement impliqué dans cette affaire, n’a été entendu qu’une seule fois par le juge d’instruction, en janvier 2001, soit plus de deux ans après les faits.
Par ailleurs, RSF est extrêmement préoccupée par l’état de santé de l’adjudant Marcel Kafando, le seul inculpé dans le cadre de cette affaire, détenu à la Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou. Ce responsable du Régiment de la sécurité présidentielle (RSP) est un élément clé dans l’instruction en cours. Si Kafando mourait aujourd’hui, le juge d’instruction n’aurait plus qu’à clore le dossier, faute de preuves et d’éléments suffisants pour remonter dans la hiérarchie des responsabilités. Dans ce cas, RSF tiendrait les autorités du Burkina Faso pour directement responsables de l’impunité totale qui caractérise cette affaire.
RSF a adressé une lettre au juge d’instruction en charge de cette enquête, Wenceslas Ilboudo, lui demandant l’autorisation de rendre visite à Kafando et de le faire examiner par un médecin indépendant choisi par l’organisation. Le juge a affirmé à plusieurs reprises que son travail était ralenti par le mauvais état de santé du militaire. En février, l’adjudant a été inculpé d' »assassinat » et « incendie volontaire » par le procureur général Abdoulaye Barry dans le cadre du dossier Zongo.
Par ailleurs, l’organisation demande aux autorités de présenter le plus rapidement possible les premières conclusions de l’enquête concernant la mort de Michel Congo. Ce journaliste du quotidien « 24 Heures » a été tué le 21 octobre à son domicile. Plusieurs hypothèses ont été émises, depuis le crime crapuleux jusqu’à l’assassinat politique. Aujourd’hui, la presse locale et les organisations locales de défense des droits de l’homme demandent la création d’une commission d’enquête indépendante. Les autorités doivent impérativement apporter la preuve de leur réelle volonté de faire toute la lumière sur cette nouvelle affaire.
RAPPEL :
Zongo était le directeur de l’hebdomadaire « L’Indépendant ». Il a été retrouvé mort, carbonisé dans son véhicule, en compagnie de trois de ses compagnons, le 13 décembre 1998. Cette date a été le point de départ d’une vague de contestations dans tout le pays. Depuis, plusieurs dizaines de manifestations ont eu lieu à Ouagadougou et dans les principales villes du pays. Le 7 mai 1999, une commission d’enquête indépendante, chargée de « déterminer les causes de la mort » du journaliste Zongo, a remis son rapport au Premier ministre burkinabé. Mise en place à l’initiative des autorités, elle a conclu, après avoir auditionné plus de deux cents personnes, que « concernant les mobiles de ce quadruple meurtre, … il faut les chercher du côté des enquêtes menées depuis des années par le journaliste, et notamment sur ses récentes investigations concernant la mort de David Ouedraogo, le chauffeur de François Compaoré, conseiller à la présidence » et frère du chef de l’État. Le rapport donnait également le nom de six « sérieux suspects » dans cette affaire, tous membres du Régiment de la sécurité présidentielle.