(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au ministre nigérien de la Justice, Ali Sirsi, RSF a protesté contre la condamnation à huit mois de prison et à 500 000 F CFA (769 euros) d’amende de Sumana Maïga, fondateur et propriétaire de l’hebdomadaire « L’Enquêteur », et contre la condamnation de Dahirou Gouro et Salif Dago, respectivement directeur […]
(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au ministre nigérien de la Justice, Ali Sirsi, RSF a protesté contre la condamnation à huit mois de prison et à 500 000 F CFA (769 euros) d’amende de Sumana Maïga, fondateur et propriétaire de l’hebdomadaire « L’Enquêteur », et contre la condamnation de Dahirou Gouro et Salif Dago, respectivement directeur de la publication et journaliste de « L’Enquêteur » à six mois de prison avec sursis et 300 000 F CFA (461 euros) d’amende. « Nous demandons la libération immédiate de Sumana Maïga », a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de l’organisation. « Cette condamnation à de la prison ferme constitue un net recul de la liberté de la presse au Niger, alors que, depuis plusieurs années, seules des peines avec sursis avaient été infligées pour des chefs d’inculpation similaires, » a-t’il précisé.
Les trois journalistes ont été condamnés par le tribunal correctionnel de Niamey le 16 novembre 2000. Maïga, Gouro et Dago étaient accusés de « troubles à l’ordre public » et de « diffusion de fausses nouvelles ». « L’Enquêteur » était poursuivi par le ministère de la Défense, suite à la publication d’un article sur le différend qui oppose le Bénin au Niger à propos de l’île de Lété. Gouro et Dago ont été libérés après l’audience alors que Maïga a été transféré en prison pour purger sa peine. Les trois journalistes ont fait appel du verdict. Ils avaient été arrêtés entre le 23 et 25 octobre et avaient été détenus de manière illégale pendant plusieurs jours avant d’être placés en garde à vue pour quatre jours, en violation de la loi nigérienne qui stipule que la garde à vue ne doit pas excéder une période de 48 heures renouvelable une fois. Le procès a également été entâché d’irrégularités, le tribunal n’ayant notamment pas pu prouver la mauvaise foi des journalistes. En effet, d’autres médias et notamment la télévision publique avaient rendu compte des événements sur l’île de Lété. Depuis le 25 octobre, « L’Enquêteur » a cessé de paraître.