(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au ministre de l’Intérieur, le lieutenant général Moin-ud-din Haider, RSF a exprimé sa très vive inquiétude face au refus des autorités de libérer les trois journalistes originaires des zones tribales et détenus depuis deux semaines à Peshawar. « Nous vous demandons d’intervenir auprès des autorités de la Khyber Agency, comme […]
(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au ministre de l’Intérieur, le lieutenant général Moin-ud-din Haider, RSF a exprimé sa très vive inquiétude face au refus des autorités de libérer les trois journalistes originaires des zones tribales et détenus depuis deux semaines à Peshawar. « Nous vous demandons d’intervenir auprès des autorités de la Khyber Agency, comme les autorités fédérales l’ont fait en faveur des deux journalistes français aujourd’hui libérés. Dans cette affaire, il ne peut pas y avoir deux poids, deux mesures », a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de RSF. L’organisation condamne la volonté des autorités locales de faire juger les trois journalistes par une cour traditionnelle. « Cette décision pourrait avoir des conséquences dramatiques pour eux et leurs familles. Tout cela s’apparente à une vengeance à l’encontre de journalistes qui ont dans le passé écrit des articles critiques sur la gestion des autorités locales », a indiqué Ménard.
Selon les informations recueillies par RSF, Muhammad Iqbal Afridi, du quotidien en ourdou « Al-Akhbar », Rifatullah Orakzai, du journal en anglais « Khyber Mail International », et Syed Karim, du quotidien en ourdou « Khabrain », sont détenus depuis le 5 octobre à Peshawar. Les trois journalistes originaires des zones tribales ont été arrêtés en compagnie de deux reporters de la chaîne de télévision française LCI, Olivier Ravanello et Jérôme Marcantetti. Ces derniers ont été libérés le 8 octobre suite à l’intervention notamment de l’ambassade de France.
Les autorités de la Khyber Agency qui détiennent les trois journalistes envisagent de laisser la décision de leur libération ou de leur jugement à une assemblée traditionnelle, la jirga. Cette volonté des autorités risque de porter un très grave préjudice moral aux familles des journalistes. Les journalistes pourraient également recevoir de lourdes peines pour avoir aidé des étrangers à entrer dans une zone tribale.
Un représentant de RSF a pu visiter les trois journalistes en prison. Ils ont affirmé être détenus dans des conditions difficiles. « Nous sommes emprisonnés avec des criminels et nous n’avons, par exemple, le droit d’aller aux toilettes que deux fois par jour », a déclaré l’un des journalistes. Les autorités leur auraient refusé les visites de leurs proches au cours des dix premiers jours. Enfin, ils ont affirmé à RSF que cette détention, qu’ils jugent « illégale », serait une vengeance motivée par leurs écrits. « On nous a fait comprendre que nous pourrions être libérés si nous promettions de ne plus écrire d’articles critiques sur l’administration politique », a affirmé l’un d’eux.