(RSF/IFEX) – Le 9 février 2004, les comptes de l’hebdomadaire d’opposition « Timpul » ont été gelés sur une décision de justice, dans le cadre d’une plainte en diffamation. Trois jours auparavant, une chaîne de télévision et une station de radio liées à la mairie de Chisinau, opposée aux communistes au pouvoir, avaient été suspendues provisoirement. RSF […]
(RSF/IFEX) – Le 9 février 2004, les comptes de l’hebdomadaire d’opposition « Timpul » ont été gelés sur une décision de justice, dans le cadre d’une plainte en diffamation. Trois jours auparavant, une chaîne de télévision et une station de radio liées à la mairie de Chisinau, opposée aux communistes au pouvoir, avaient été suspendues provisoirement. RSF s’inquiète de la sévérité des sanctions.
L’organisation estime que la décision de geler les comptes et de séquestrer les biens du journal « Timpul », avant même que la première audience de son procès en diffamation ait eu lieu, est une violation de la présomption d’innocence, du droit de la défense le plus élémentaire et de la liberté de la presse. RSF craint par ailleurs que les suspensions de Antena C et de Euro TV ne soient liées à des considérations politiques, étant donné que d’autres médias dans la même situation juridique n’ont pas été sanctionnés. L’organisation a demandé au président du Conseil de coordination de l’audiovisuel (CCA), Ion Mihailo, d’annuler ces suspensions.
Le 6 février, les journalistes de « Timpul » ont appris que leur journal était poursuivi en diffamation par DAAC Hermès SA, une entreprise de distribution de voitures Skoda. Un peu plus tard, la direction du journal a appris que les comptes étaient gelés en attendant l’ouverture du procès, le 18 février.
DAAC Hermès SA avait porté plainte suite à la publication, le 16 janvier, d’un article de Alina Anghel laissant entendre que l’entreprise aurait pu corrompre des fonctionnaires. L’entreprise demande la publication d’un démenti, 500 000 $US de dommages et intérêts et l’impossibilité pour « Timpul » de publier des articles à son sujet sans être consultée. Le directeur du journal, Constantin Tanase, considère que cette plainte est une « commande politique » et accuse le pouvoir communiste de vouloir fermer son média.
Par ailleurs, le 6 février, les diffusions de la chaîne de télévision Euro TV et de la station de radio Antena C, deux médias critiques envers le pouvoir, ont été provisoirement suspendues sur un ordre du CCA. Selon l’instance de régulation, ces deux chaînes, qui dépendent de la mairie de Chisinau, dirigée par Serafim Urecheanu, également vice-président du parti d’opposition Moldova Noastra (MNA), n’ont pas de statut légal. La suspension provisoire doit prendre fin lorsque ces médias seront en règle. Début février, le président du CCA, Ion Mihailo, a reconnu que 50 % des médias audiovisuels étaient dans la même situation.