(FIJ/MFWA/UJAO/IFEX) – Ci-dessous, un communiqué de presse de la FIJ, la MFWA et l’UJAO, ainsi que d’autres organisations, daté du 29 juin 2007: « Campagne de la FIJ pour libérer les journalistes Africains des prisons » Appel aux Chefs d’Etat d’Afrique et à l’Union Africaine pour libérer tous les journalistes emprisonnés en Afrique! Par la Fédération Internationale […]
(FIJ/MFWA/UJAO/IFEX) – Ci-dessous, un communiqué de presse de la FIJ, la MFWA et l’UJAO, ainsi que d’autres organisations, daté du 29 juin 2007:
« Campagne de la FIJ pour libérer les journalistes Africains des prisons »
Appel aux Chefs d’Etat d’Afrique et à l’Union Africaine pour libérer tous les journalistes emprisonnés en Afrique!
Par la Fédération Internationale des Journalistes (FIJ),
En collaboration avec:
Le Réseau des Organisations Africaines pour la Liberté d’Expression (NAFEO)
L’Union des Journalistes d’Afrique de l’Ouest (UJAO)
L’Association des Journalistes du Ghana (GJA)
La Fondation pour les Médias d’Afrique de l’Ouest (MFWA)
Le Centre pour la Recherche dans l’Education et le Développement des Droits en Afrique (CREDO)
Le Forum des Editeurs Africains (TAEF)
Alors que nous sommes rassemblés ici, 13 journalistes languissent en prison en Ethiopie dans la prison de Kality à Addis-Abeba, 15 autres collègues journalistes sont détenus au secret en Eritrée; en Gambie « Chief » Ebrima Manneh un journaliste gambien a été arrêté en juillet 2006 et détenu au secret.
La semaine dernière au Mali, cinq journalistes ont été arrêtés et libérés une semaine plus tard après des peines de prison avec sursis sur la base d’une législation archaïque d’offense au chef de l’Etat. Ceci a fait suite à un sujet de dissertation d’élèves de lycée sur la maîtresse d’un président de la république imaginaire. Le professeur du lycée qui a donné le sujet a été condamné à un emprisonnement ferme de 2 mois et est actuellement en détention.
Dans beaucoup de pays d’Afrique, les journalistes, les travailleurs des médias et les citoyens ont été forcés à l’exile, maltraités, et assassinés pour avoir exercé le droit au journalisme indépendant et à la liberté de parole : notamment au Zimbabwe, en RD Congo, au Swaziland . . .
Depuis 2001 en Erythrée, 15 journalistes sont détenus en prison, au secret et sans charge. En septembre 2001, les chefs de l’opposition ont milité pour des réformes démocratiques, qui ont été largement relayées par la presse. Après cette couverture, dix journalistes ont été arrêtés avec quelques leaders de l’opposition.
Tous les organes médias privés ont été forcés de fermer. Le gouvernement érythréen dans une déclaration officielle a qualifié les journalistes de « traîtres travaillant pour l’ennemi » et une menace à la sécurité nationale. Cinq autres journalistes ont été arrêtés avant la vague de répression de 2001. L’Erythrée est le seul pays dans le monde où il n’y a aucun média indépendant ou correspondant étranger.
Le gouvernement de l’Ethiopie détient 13 journalistes dans ses prisons après que la police est allée faire une descente dans les bureaux de journaux, confisquant des équipements et publiant des listes de rédacteurs et d’auteurs recherchés dans une répression brutale contre des dissidents en novembre 2005, suite aux élections générales six mois plus tôt. Rappelons que 20 journalistes étaient arrêtés et seulement 8 d’entre eux ont été libérés en avril dernier, alors que les autres sont encore maintenus à la prison de Kality à Addis.
Il est important de rappeler que l’Ethiopie a plus de 100 journalistes en exil; c’est le cas pour le Zimbabwe. Plusieurs de nos gouvernements ont forcé des journalistes à l’exil. Depuis des décennies, les agressions, les assassinats, l’utilisation des détentions arbitraires, la torture et le mauvais traitement des journalistes, et l’abus des charges criminelles dans les tribunaux spéciaux et les procès injustes ont continué sans changement en Afrique.
Cette barbarie doit s’arrêter; les médias africains et les médias dans le monde doivent continuellement exposer ces actes de harcèlement et de persécution des journalistes par plusieurs Etats africains, et continuer à en faire leurs grands titres.
La création de l’Union Africaine (UA) en 2000 a suscité l’espoir pour l’Afrique à plusieurs égards. Dans sa Loi Constitutive, l’UA énonce parmi ses objectifs le souhait de « promouvoir les principes démocratiques et les institutions, la participation populaire et la bonne gouvernance; promouvoir et protéger les droits de l’homme et des peuples et d’autres instruments pertinents des droits de l’homme. » Ces valeurs exigent la consolidation de la démocratie, de l’autorité de la loi, de la possibilité pour tous les citoyens africains de participer aux affaires publiques, à la liberté d’expression, et à la liberté de la presse.
Le droit d’informer et d’accéder à l’information est l’un des critères de la gouvernance démocratique. Ceci implique le respect de la liberté d’expression et, en particulier, l’accès du public aux moyens d’information aussi bien que l’accès, pour les journalistes, à l’information dans le domaine public ; un pluralisme des médias garanti et l’existence d’un service d’information public.
L’application de ces droits dans différents Etats Membres de l’UA est actuellement très inégale. Ils sont, d’ailleurs, souvent violés. Le droit de communiquer ne fait pas partie des principes ou critères majeurs pour la bonne gouvernance de l’Union Africaine, ni des critères pour le mécanisme d’évaluation des pairs du NEPAD. Nous sommes très mécontents de ces omissions.
Nous souhaitons noter que, en dépit de la persécution arbitraire, le harcèlement et le meurtre de professionnels des médias sur le continent, quelques gouvernements ont déjà mis en oeuvre des réformes ou pris des décisions en vue de respecter la liberté de la presse. D’autres gouvernements africains devraient être encouragés à suivre ces exemples louables.
À cet égard:
Nous, la Fédération Internationale des Journalistes, nos membres et affiliés partout en Afrique, ainsi que NAFEO, UJAO, MFWA, GJA, CREDO, TAEF, appelons les Chefs d’Etat d’Afrique qui se réunissent au Ghana du 1er au 3 juillet, et la COMMISSION DE L’UNION AFRICAINE:
1- A assurer instamment la libération de tous les journalistes et professionnels des medias emprisonnés en Erythrée, Ethiopie, Gambie et dans toute l’Afrique
2- A instituer des mesures pour mettre fin à l’impunité quand des journalistes et des professionnels des médias sont brutalisés et assassinés dans l’exercice de leur fonction
3- A ordonner la réouverture de tous les organes de médias fermés par les gouvernements
4- A créer des conditions pour le retour de journalistes exilés dans leurs pays
La FIJ lance ainsi la « Campagne pour libérer les journalistes Africains des prisons » et va annoncer la mise sur pied des activités de la campagne.