Il est maintenant évident que Kishore est détenu sur la base d'accusations sans fondement, quel que soit le bien-fondé de la loi sur la sécurité numérique citée au moment de son arrestation, considérée par tous les observateurs internationaux comme imparfaite, disproportionnée et incompatible avec les droits de l'homme.
Cet article a été initialement publié sur cartoonistsrights.org le 18 décembre 2020.
Plus de sept mois après l’arrestation d’Ahmed Kabir Kishore par le Bataillon d’Action Rapide (RAB) – la division de police généralement déployée contre les criminels les plus dangereux du Bangladesh – il est temps pour eux et pour le gouvernement qu’ils servent d’agir. Au-delà des accusations initiales, le dossier n’a pas été étayé.
Même en tenant compte des retards qui auraient pu résulter de la pandémie, l’ensemble du dossier à charge contre Kishore aurait déjà dû être articulé. Il s’agit d’ailleurs d’une obligation pour les procureurs, clairement énoncée par Le Premier ministre du Bangladesh dans ses commentaires du 2 novembre*. Le manque de preuves a été constaté par le juge principal lors de la dernière audience de mise en liberté sous caution de Kishore le 11 novembre 2020 (la cinquième en date, qui n’a révélé aucune nouvelle information et n’a toujours pas permis au dossier de progresser).
Il est maintenant évident que Kishore est détenu sur la base d’accusations sans fondement, quel que soit le bien-fondé de la loi sur la sécurité numérique citée au moment de son arrestation, considérée par tous les observateurs internationaux comme imparfaite, disproportionnée et incompatible avec les droits de l’homme. Entre-temps, lui et ceux qui lui rendent visite en prison ont été inutilement exposés aux risques inhérents au coronavirus, et après des mois de traitement inadéquat, la santé de Kishore se serait récemment détériorée, ce dernier présentant des symptômes de diabète insulinodépendant, maladie dont il est affligé de longue date et qui le rend d’autant plus vulnérable face à la circulation du virus.
Assez, c’est assez. Ahmed Kabir Kishore devrait être immédiatement libéré et toutes les accusations à charge du dessinateur devraient être abandonnées à la première occasion.»
La déclaration de Cartooning For Peace, Cartoonists Rights Network International (CRNI) et Reporters sans frontières (RSF) fait suite à l’intervention, le 16 décembre 2020, des experts du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme Karima Bennoune – Rapporteur spécial dans le domaine des droits culturels, Irene Khan – Spécial Rapporteur sur la promotion et la protection du droit à la liberté d’opinion et d’expression et Tlaleng Mofokeng – Rapporteur spécial sur le droit de toute personne de jouir du meilleur état de santé physique et mentale, qu’elle soit capable d’atteindre: https://www.ohchr.org/EN/NewsEvents/Pages/DisplayNews.aspx?NewsID=26610&LangID=E
Elle fait également suite à la déclaration du 8 octobre 2020 de Maria Arena, présidente de la sous-commission des droits de l’homme du Parlement européen:
* Premier ministre Sheik Hassina – «il est également essentiel que les autorités concernées fournissent des faits et des informations avec les explications nécessaires.»