Les propriétaires des magazines Addis Guday, Lomi et Fact, poursuivis pour « incitation à la révolte violente » depuis août par le ministère de la Justice, ont été condamnés, le 7 octobre, à plus de trois ans d’emprisonnement.
Cet article a été initialement publié sur rsf.org le 8 octobre 2014
Les propriétaires des magazines Addis Guday, Lomi et Fact, poursuivis pour « incitation à la révolte violente » depuis août par le ministère de la Justice, ont été condamnés, le 7 octobre, à plus de trois ans d’emprisonnement.
La Cour suprême fédérale d’Ethiopie vient de condamner Endalkachew Tesfaye, Gizaw Taye et Fatuma Nuriya, respectivement propriétaires d’Addis Guday, de Lomi et de Fact à des peines de plus de trois ans de prison.
Le trio, qui a fui le pays, a été déclaré in absentia coupable d’« incitation à la révolte violente, impression et de distribution de rumeurs infondées et conspiration visant à abolir illégalement le système constitutionnel du pays ». Les trois journaux avaient été attaqués début août par le ministère de la Justice aux côtés des hebdomadaires Enqu, Jano et Afro-Times.
« Le jugement prononcé contre Endalkachew Tesfaye, Gizaw Taye et Fatuma Nuriya est révoltant, déclare Cléa Kahn-Sriber, responsable du bureau Afrique chez Reporters sans frontières. Les motifs de la condamnation, clairement outranciers, sont révélateurs de l’instrumentalisation du système judiciaire éthiopien par un régime des plus autoritaires. Ce type de persécutions revient tout bonnement à interdire le fonctionnement d’une presse privée indépendante en Ethiopie ».
Ces derniers mois, la répression des autorités éthiopiennes contre les acteurs de l’information s’est nettement intensifiée. Six blogueurs et trois journalistes, dont un collaborateur d‘Addis Guday, croupissent toujours en prison depuis leur arrestation au mois d’avril. Leur procès, maintes fois reporté, est annoncé pour le 15 octobre.
En juin 2014, 20 journalistes avaient été renvoyés de la station de l’audiovisuel public de l’Etat d’Oromo, l’Oromia Radio and Television Organisation (ORTO), en raison de leur « vision politique étroite ». L’ordre de licenciement venait du gouvernement.
L’Ethiopie se place au 143e rang sur 180 pays selon le Classement 2014 de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières.