(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée à Henri-Claude Ménard, ministre de l’Intérieur, RSF a protesté contre les attaques des stations Radio Vision Nouvelle, Radio Lumière et Radio Vision 2000, au cours desquelles Fritz Antoine Jean, gardien de Radio Vision Nouvelle, a trouvé la mort, et deux autres vigiles ont été blessés. RSF a demandé l’ouverture […]
(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée à Henri-Claude Ménard, ministre de l’Intérieur, RSF a protesté contre les attaques des stations Radio Vision Nouvelle, Radio Lumière et Radio Vision 2000, au cours desquelles Fritz Antoine Jean, gardien de Radio Vision Nouvelle, a trouvé la mort, et deux autres vigiles ont été blessés. RSF a demandé l’ouverture d’une enquête sur chacun de ces incidents afin d’établir les mobiles de ces agressions et d’en sanctionner les auteurs. « Ces événements illustrent à quel point le climat de violence qui règne à Haïti porte gravement atteinte à la liberté de la presse », a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de RSF. Ce dernier a rappelé que Jean Dominique, directeur de Radio Haïti Inter, a été assassiné le 3 avril 2000. Dans un rapport publié en avril 2001, RSF a dénoncé que l’enquête sur l’assassinat a failli être étouffée à plusieurs reprises (consulter les alertes de l’IFEX du 3 avril, 16 mars, 15 et 3 janvier 2001, 18, 7, 5 et 4 avril 2000).
Selon les informations recueillies par RSF, près de trois cents personnes armées de revolvers, de machettes et de bâtons ont attaqué, le 20 avril, les émetteurs grandes ondes de Radio Lumière et Radio Vision Nouvelle, situés à Ménélas, dans la banlieue nord de Port-au-Prince. Antoine Jean, gardien de Radio Vision Nouvelle, a été tué à coups de machettes par les agresseurs. Un autre gardien de la station, Alcis Delce, ainsi qu’un vigile de Radio Lumière, Félix Jean Charles, ont également été blessés lors de l’attaque. Les assaillants ont mis hors service les installations et emporté une partie du matériel. Radio Vision Nouvelle estime les pertes à 200 000 dollars (environ 220 000 euros). La radio, qui n’émet que sur grandes ondes, a été contrainte de cesser ses émissions.
Les agresseurs auraient déclaré être à la recherche de malfaiteurs cachés dans cette zone. Deux jours plus tôt, une expédition punitive avait eu lieu dans le quartier voisin de Bois Neuf, soupçonné d’abriter de nombreux délinquants. Pour Pierre Joseph Louissaint, directeur de Radio Vision Nouvelle, il est très difficile de désigner les responsables de cette attaque. Cependant, le directeur de la radio n’écarte pas l’hypothèse d’un « acte prémédité », soulignant que la radio reçoit aujourd’hui des menaces et que la fin des émissions représente « un coup dur pour les paysans » à qui était destinée sa programmation. Luviaud Duvernard, directeur de Radio Lumière, considère également qu’il s’agit d’un « acte troublant », rappelant que le même émetteur avait déjà été la cible d’une attaque en 2000, au cours de laquelle un gardien de la station avait été blessé. Station évangélique, Radio Lumière avait été obligée de fermer pendant plusieurs mois en 1992 après l’irruption des militaires dans ses locaux.
Par ailleurs, le 15 avril, dans la soirée, un groupe d’hommes armés a pénétré dans les locaux qui abritent les studios de la radio privée Radio Vision 2000, et les médias Radio Express et Télé Express, situés à Jacmel. Les agresseurs ont volé du matériel.
Dominique, directeur de Radio Haïti Inter, a été assassiné le 3 avril 2000. Bien que six personnes aient été arrêtées pour leur participation présumée à l’assassinat les commanditaires n’ont toujours pas été désignés. L’enquête a failli être étouffée à plusieurs reprises. En juin, Jean Wilner Lalanne, soupçonné d’avoir servi d’intermédiaire entre les commanditaires et les exécutants, est mort dans des circonstances douteuses après son arrestation. Pendant plusieurs mois, le Sénat s’est opposé à la convocation du sénateur Dany Toussaint comme témoin par le juge d’instruction. Ce dernier a par ailleurs été victime d’actes d’intimidation alors que son prédécesseur avait préféré abandonner le dossier après avoir également subi des pressions. Au lendemain de l’investiture à la présidence de Jean-Bertrand Aristide, le 7 février, de nombreux observateurs considèrent que l’issue de l’enquête dépend avant tout des moyens que la nouvelle administration est prête à mobiliser. L’assassinat de Dominique, le journaliste le plus célèbre du pays, est vécu comme un avertissement par l’ensemble de la profession.