Depuis le début du mouvement des “gilets jaunes” en novembre 2018, RSF a recensé 54 cas de journalistes blessés et plus 120 incidents impliquant les forces de l’ordre.
Cet article a été initialement publié sur rsf.org le 15 novembre 2019.
Près d’un an après le début du mouvement des « gilets jaunes », marqué par un nombre élevé d’incidents impliquant journalistes et forces de l’ordre, RSF a soumis début novembre ses préconisations au groupe d’experts réuni par le ministère de l’Intérieur en charge de repenser les méthodes de maintien de l’ordre utilisées en France.
Depuis le début du mouvement des “gilets jaunes” en novembre 2018, RSF a recensé 54 cas de journalistes blessés et plus 120 incidents impliquant les forces de l’ordre. Qu’ils soient professionnels ou non, détenteurs ou pas de la carte de presse, de nombreux journalistes témoignent avoir fait l’objet de violences injustifiées de la part de membres des forces de police.
Pour enrayer ce phénomène, RSF demande des consignes fortes comme la publication d’une circulaire à l’attention des forces de l’ordre, les enjoignant à respecter l’exercice du journalisme dans les manifestations et réaffirmant la nécessité de préserver la fonction d’information des journalistes dans les manifestations.
RSF préconise également une plus grande concertation entre policiers et journalistes, et demande que des professionnels des médias soient désormais inclus dans des cycles de formations de forces de l’ordre. Les brigades non spécialisées dans la gestion des manifestations, quand elles sont amenées à remplir ce rôle, devraient être préalablement formées.
L’instauration d’un dispositif de liaison entre journalistes et forces de l’ordre, incarné par un officier de liaison, permettrait de faciliter les échanges en amont comme durant les manifestations. Dans le cadre d’un nouveau dispositif spécifique d’alerte précoce, l’officier pourrait aussi recevoir, les signalements urgents de cas de violences ou d’entraves.
RSF réclame aussi que sanctions disciplinaires soient systématiquement prises contre les fonctionnaires de police ou de gendarmerie auteurs d’actes de violence et de coercition illégitimes contre des journalistes, y compris les confiscations de matériel, les entraves à la liberté de circuler sur les lieux des manifestations ou la dissimulation intentionnelle du matricule.
Alors qu’un an après le début du mouvement, aucune des plaintes ou des signalements à l’IGPN de journalistes n’a abouti, RSF demande que les poursuites judiciaires engagées en cas de violence contre un journaliste puissent déboucher plus rapidement.
Ces échanges sont intervenus quelques mois après que le président de la République Emmanuel Macron s’est engagé auprès du secrétaire général de RSF, Christophe Deloire, à ce que des « actions soient prises » face aux violences policières commises contre les journalistes lors des manifestations. Le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, s’était également dit prêt à étudier les propositions de RSF.
La France se situe à la 32e place dans l’édition 2019 du Classement mondial de la liberté de la presse.