Bertrand Teyou est détenu depuis le mois de novembre 2010 pour insulte à l'épouse du Président Biya dans un livre publié en 2010 et pour avoir tenté d'organiser une réunion publique pour y lire un texte jugé offensant.
(CODEP/IFEX) – Le Comité pour la défense des écrivains persécutés – CODEP du PEN International condamne la peine d’emprisonnement contre l’auteur Bertrand Teyou, détenu depuis le mois de novembre 2010 pour insulte à l’épouse du Président Biya dans un livre publié en 2010 et pour avoir tenté d’organiser une réunion publique pour y lire un texte jugé offensant. Teyou a été emprisonné pour avoir failli de payer l’amende de 4,371 $US imposée lors d’un procès sommaire où il n’a pu être représenté par un avocat. Le CODEP est d’avis que cette condamnation et l’emprisonnement sont en violation directe du droit de Teyou à la liberté d’expression et de son droit de réunion en vigueur aux termes du droit international. Il en appelle au tribunal de renverser ce jugement prononcé contre Teyou et de proclamer sa relaxe immédiate et inconditionnelle.
Bertrand Teyou purge une sentence de deux ans d’emprisonnement pour « insulte » à l’épouse du Président Paul Biya dans un ouvrage dont il est l’auteur, publié en 2010 intitulé « La belle de la république bananière: Chantal Biya, de la rue au palais » (Éditions Nation Libre, Douala); la cause a été entendue devant un tribunal camerounais. Teyou a également été accusé de tenter d’organiser une lecture publique de son livre.
Teyou a été arrêté le 3 novembre 2010 et détenu pendant une semaine à la station de police du centre de Douala, puis transféré à la prison New Bell dans la même ville le 10 novembre. Au terme d’un procès ultra rapide pour les coutumes camerounaises, Teyou a été déclaré coupable « d’insulte au comportement », coupable d’avoir organisé une « démonstration illégale » et condamné à payer l’amende de 2,030,150 CFA (4,371 $US) y compris les frais de cour ou subir deux années de prison. Comme il était incapable de payer l’amende, Teyou a été renvoyé en prison dès la fin de son procès.
Teyou n’a pu obtenir les conseils d’un avocat pour sa défense au procès, ce qui signifiait dans son cas son incapacité de régler l’amende dans le délai de dix jours prévu par la loi et qui lui aurait rendu possible un recours en appel de cette sentence.
L’auteur aurait signifié publiquement son intention de procéder à la lecture publique mais qu’on l’avait arrêté avant que cette lecture puisse être effectuée. Des exemplaires du livre ont été saisies et détruits mais on n’avait pas encore formellement bani l’ouvrage.
Teyou entreprit une grève de la faim en février 2011 pour protester de sa condition de prisonnier. Il souffre de plusieurs maux liées aux conditions insalubre de la prison, et surtout de perte de sang à la suite d’hémorroïdes. Selon sa propre déclaration, Teyou a reçu les soins nécessaires à l’hôpital général de Douala mais seulement s’il pouvait en acquitter les frais. Il a affirmé qu’il devait en plus payer un loyer pour son lit en prison.
À l’issue d’une entrevue dans sa cellule de prison, Teyou affirmait : « Mon livre représente la libre expression d’un citoyen. Je n’ai aucun reproche à adresser à l’épouse du Président, mais je refuse de vivre en ce pays où elle exerce un pouvoir excessif sur la vie des citoyens. Je ne supporte pas le fait que notre pays est ravagé par la corruption et que personne ne réagit pour s’élever contre cela et changer les choses. Le peuple a le droit de s’élever contre les injustices qui paralysent ce pays. Nous ne pouvons laisser la situation ainsi sans la critiquer. Telle est la position que j’affirme dans mes écrits. La lutte se poursuit en dépit des obstacles sur mon chemin et auxquels je fais face actuellement. Chaque écueil est pour moi une source de vigueur, car le système politique actuel est inacceptable pour tout le peuple ».
Teyou a écrit deux autres ouvrages: « L’Antécode Biya » (Éditions Nation Libre, Douala, 2009) au sujet du président Biya, et pour lequel Teyou avoue avoir été l’objet de harcèlement; ainsi que son essai « Sortir de l’impasse ».
Liens utiles:
• Une entrevue avec Teyou en prison (le 15 mars 2011: http://www.postnewsline.com/2011/03/sos-bertrand-teyou.html) (en anglais)
• Teyou nous dévoile ses aspirations en faveur du changement au Cameroun http://www.buala.org/en/da-fala/etiquetas/bertrand-teyou (en français)
ACTION RECOMMANDÉE:
Prière d’adresser vos observations:
• protestant la condamnation de Bertrand Teyou et son emprisonnementent à compter du mois de novembre 2010 pour son incapacité de payer l’amende de 2,030,150 CFA (4,371 $US), ainsi que les coûts qui accompagnèrent sa condamnation pour « insulte à la personne » en plus d’organiser des manifestations contre l’épouse du président Biya;
• déclarant que le CODEP est d’avis que la condamnation de Teyou viole clairement ses droits à la liberté d’expression et son droit d’organiser des réunions tel que cela est prévu dans la Chartre africaine des Droits de la Personne, ainsi que dans le Pacte International relatif aux droits civils et politiques auxquels le Cameroun a souscrit. Teyou a été de plus privé de recours judiciaires en la personne d’un avocat lors de son procès, sans omettre le manque de soins médicaux au cours de son emprisonnement;
• exigeant la répudiation de la sentence prononcée contre Teyou et sa libération immédiate et inconditionnelle.
FAIRE APPEL À:
Président Paul Biya
Fax: +237 22 22 08 70
Courriel : cellcom@prc.cm or contact@presidenceducameroun.com
Les messages peuvent être expédiés à l’adresse suivante de la présidence : http://www.prc.cm/index_fr.php?link=messenger/write_pr
Premier Ministre
M. Philemon Yang, Premier Ministre
Fax: +237 22 23 57 35
Courriel: spm@spm.gov.cm
Veuillez, si possible, adresser vos appels aux représentants diplomatiques camerounais dans votre pays d’accréditation. Voir quelques adresses inscrites ci-après: http://embassy.goabroad.com/embassies-of/cameroon
Veuillez expédier vos messages le plus tôt possible; s’ils sont expédiés après le 24 mai 2011, veuillez vérifier auprès du PEN International.