L'ordre de couper les télécommunications a été interprétée comme une manoeuvre visant à garder le contrôle sur la diffusion de l’information, et notamment sur les résultats de l’élection présidentielle du 21 mars.
Cet article a été initialement publié sur rsf.org le 23 mars 2016.
Reporters sans frontières (RSF) condamne vigoureusement le black-out des télécommunications imposé par le gouvernement congolais pendant l’élection présidentielle. Cette mesure, qui a privé les citoyens d’un accès à l’information et entravé le travail des journalistes, n’a pas permis une tenue transparente du scrutin.
Le 19 mars, le ministre de l’Intérieur congolais Raymond Mboulou a donné l’ordre de couper toutes les télécommunications du pays pendant 48h. Internet, SMS et téléphones ont cessé de fonctionner le 20 mars à une heure du matin, une décision interprêtée comme une manoeuvre visant à garder le contrôle sur la diffusion de l’information, et notamment sur les résultats de l’élection présidentielle du 21 mars. Ce mercredi, les services internet et de téléphonie mobile étaient toujours inaccessibles, malgré l’expiration du délai annoncé.
“Cette coupure des télécommunications est une violations grave du droit à l’information des citoyens congolais et entache sérieusement la légitimité du scrutin présidentiel, déclare Reporters sans frontières. Nous demandons aux autorités congolaises de rétablir sur le champ les services d’internet et de téléphonie mobile.”
RSF avait déjà dénoncé les dérives du pouvoir lors de la campagne électorale, comme les violences subies par des journalistes couvrant l’opposition ou la suspension d’internet et des communications téléphoniques lors du référendum du 25 octobre dernier.
Denis Sassou-Nguesso, qui cumule 32 ans au pouvoir, est accusé par l’opposition d’avoir orchestré des élections sans aucune transparence. L’Union Européenne elle même a décidé de ne pas envoyer d’observateurs, estimant que les conditions n’étaient pas réunies pour une élection démocratique.
Le Congo est classé 107ème sur 180 pays au Classement mondial sur la liberté de la presse établi par RSF en 2015.