(RSF/IFEX) – Dans un éditorial publié le 3 juillet 2006 par le quotidien singapourien « Today », un membre du gouvernement a rappelé à l’ordre le blogger Lee Kin Mun, écrivant sous le nom de plume de « mr brown », pour un article jugé trop politisé et « non constructif » qu’il avait signé quelques jours auparavant. Reporters sans frontières […]
(RSF/IFEX) – Dans un éditorial publié le 3 juillet 2006 par le quotidien singapourien « Today », un membre du gouvernement a rappelé à l’ordre le blogger Lee Kin Mun, écrivant sous le nom de plume de « mr brown », pour un article jugé trop politisé et « non constructif » qu’il avait signé quelques jours auparavant. Reporters sans frontières rappelle que les autorités politiques n’ont pas à se prononcer sur le contenu des articles publiés dans la presse ou sur les blogs, sauf si ces derniers sont manifestement illicites.
« Cette prise de position d’un officiel singapourien est inquiétante. Dans un pays qui contrôle déjà strictement les médias, elle résonne comme un avertissement pour tous les journalistes et les bloggers. Ces derniers ont pourtant le droit de critiquer l’action gouvernementale et d’exprimer leurs opinions politiques. Rappelons par ailleurs que la ligne éditoriale d’un journal ne dépend que de ses éditeurs. Elle ne devrait en aucun cas être assujettie à des consignes déontologiques édictées par le pouvoir », a déclaré l’organisation.
Le 30 juin, le blogger avait publié dans le quotidien « Today » une tribune intitulée « S’poreans are fed, up with progress! » dans laquelle il critiquait certaines mesures récentes du gouvernement. Sur un ton à la fois drôle et acerbe, il y dénonçait, par exemple, le coût de plus en plus élevé de la vie à Singapour.
Krishnasamy Bhavani, attachée de presse du ministère de l’Information, des Communications et des Arts, a répondu au blogger dans un article publié le 3 juillet dans le même journal. Elle y défend la politique de son gouvernement, mais reproche également au blogger d’avoir un parti pris politique : « Ce n’est pas le rôle des journalistes et des journaux singapouriens que de défendre des causes, ou encore de faire campagne en faveur ou contre le gouvernement. Si un journaliste se présente comme étant un observateur non politisé, mais qu’il exploite son accès aux médias grand public pour saper la crédibilité du gouvernement auprès de son électorat, alors il cesse de formuler des critiques constructives pour devenir un acteur partisan en politique. »
Lee Kin Mun est l’un des bloggers les plus populaires de Singapour. Alors que le gouvernement avait interdit les podcasts à caractère politique lors des dernières élections, en avril 2006, les médias avaient largement repris sa formule « Il n’y a pas de haut débit en prison », par laquelle il semblait vouloir décourager ses confrères d’enfreindre les nouvelles régulations. Lui-même avait pourtant testé les autorités en mettant en ligne sur son blog une série de « podcasts obstinément non politiques ».
Lee Kin Mun n’a pas pu être joint par Reporters sans frontières.