RSF condamne la répression à l'encontre du blogueur Pham Minh Hoang et de sa famille, qui s'est traduite le 5 novembre 2014, par l'agression du consul général de France à Hô-Chi-Minh-Ville.
Cet article a été initialement publié sur rsf.org le 10 novembre 2014.
Reporters sans frontières condamne la répression à l’encontre du blogueur Pham Minh Hoang et de sa famille, qui s’est traduite le 5 novembre 2014, par l’agression du consul général de France à Hô-Chi-Minh-Ville.
Des gangsters, soutenus par des policiers en civil, ont agressé le consul général français, Emmanuel Ly-Batallan, alors qu’il tentait de porter secours au blogueur franco-vietnamien Pham Minh Hoanget à sa mère à Hô-Chi-Minh-Ville. Depuis le 5 novembre dernier, des malfrats, accompagnés de policiers en civil, se sont installés dans une maison située, à proximité des domiciles de Pham Minh Hoang et de sa mère, qui héberge le cyberdissident Nguyen Bac Truyen. Ces gangsters exercent ainsi une pression constante sur les deux hommes et la mère du blogueur.
Pham Minh Hoang et le consul français ont appelé le commissariat local pour que des policiers viennent constater la situation. Ces derniers ont répondu qu’ils étaient « en réunion » et ne pouvaient pas se rendre sur place. Le consul s’est rendu lui-même chez les malfrats afin de leur demander de cesser leurs intimidations. A peine entré, il a été pris en tenaille et agressé.
« Une telle violence n’est pas acceptable, d’autant plus lorsque les forces de police sont impliquées, déclare Benjamin Ismaïl, responsable du bureau Asie-Pacifique à Reporters sans frontières. Bien que non-avenues et totalement disproportionnées, les peines d’emprisonnement de Pham Minh Hoang et Nguyen Bac Truyen ont été purgées. Le harcèlement permanent, les intimidations et les menaces à l’arme blanche dont les blogueurs mais aussi leur famille font l’objet doivent immédiatement cesser. »
Peu avant cette agression, l’épouse de Pham Minh Hoang, Madame Oanh, de nationalité française avait demandé aux malfrats de quitter les lieux et avait été menacé par l’un d’eux, armé d’un couteau. Le harcèlement répété à l’encontre de la famille de Pham Minh Hoang, avait entraîné la détérioration de la santé de sa mère, hospitalisée à cause d’une tension artérielle trop élevée.
Le ministère des Affaires étrangères vietnamien aurait par la suite été informé de l’agression et aurait conseillé au consulat de protester par voir diplomatique.
En 2011, Pham Minh Hoang avait été condamné à trois ans de prison suivis de trois ans d’assignation à résidence pour »tentative de renversement du gouvernement ». Il vit toujours en résidence surveillé. Le cyberdissident Nguyen Bac Truyen a lui aussi été condamné, en 2007, à quatre ans de prison pour »propagande contre le régime communiste ».
Blogueur engagé, connu sous le pseudonyme Phan Kien Quoc, Pham Minh Hoang a publié de nombreux articles sur l’éducation, l’environnement et la souveraineté face à la Chine, largement relayés sur le Net. Le blogueur a participé à la campagne contre l’exploitation par une entreprise chinoise des mines de bauxite dans la région des Hauts Plateaux dans le centre du pays. Il est membre du parti pro-démocratie Viet Tan, parti pour la démocratie déclaré illégal par l’Etat communiste à parti unique.
Le Vietnam occupe le 174e rang sur 180 dans le Classement mondial 2014 pour la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières.