Christophe Nkezabahizi, sa femme, et deux de leurs enfants ont été abattus à bout portant par les forces de sécurité, le 13 octobre dans leur maison de Bujumbura. Le Syndicat des Journalistes Burundais a déclaré que le caméraman avait été ciblé car il était journaliste.
Cet article a été initialement publié sur ifj.org le 16 octobre 2015.
La Fédération Internationale des Journalistes (FIJ) et son affilié le Syndicat des Journalistes Burundais (SJB) condamnent fermement l’assassinat d’un caméraman et de sa famille le mardi 13 octobre, alors que des tensions ont ressurgi après la réélection du président Pierre Nkurunziza. Ce journaliste est malheureusement le premier professionnel des médias à perdre la vie au Burundi cette année.
Selon les médias locaux, le journaliste de RTNB (Radio Télévision Nationale du Burundi), Christophe Nkezabahizi, sa femme et deux de leurs enfants de 16 ans et et 14 ans, ont été abattus à bout portant par les forces de sécurité mardi 13 octobre dans leur maison de Bujumbura, la capitale. Le SJB a déclaré que le caméraman avait été ciblé car il était journaliste.
« Nous condamnons fermement l’exécution de notre collègue Christophe Nkezabahizi et de sa famille par ceux qui étaient censés le protéger », a déclaré le président de l’Union burundaise, Alexandre Niyungeko. « C’est une honte pour les forces de sécurité burundaises. Nous demandons que toute la lumière soit faite sur cet assassinat et sur toutes les agressions orchestrées par les agents de Pierre Nkurunziza. »
La FIJ soutient de toutes ses forces sa filiale et ses collègues burundais dans ces moments difficiles.
« Nous sommes aux côtés de notre syndicat au Burundi et nous adressons à la famille de ce confrère nos sincères condoléances après ce meurtre scandaleux », a déclaré le président de la FIJ, Jim Boumelha. « Nous appelons les autorités à enquêter immédiatement sur cet assassinat et de veiller à ce que les responsables soient retrouvés et traduits en justice dans un procès équitable. Une fois de plus, la FIJ rappelle que la liberté de la presse doit être respectée et la sécurité des travailleurs des médias doient être pleinement assurées au Burundi. »
Le syndicat burundais a également soulevé ses préoccupations quant à la sécurité d’un autre collègue, Egide Mwemero, qui a récemment été détenu à Goma, en République Démocratique du Congo, avec deux autres collègues congolais travaillant pour la station de radio «Messager du peuple ». « Mwemero n’a pas commis de crime et il doit être libéré. Nous craignons que s’il est renvoyé au Burundi, il sera assassiné ! », ajoute Alexandre Niyungeko.
Le Burundi a connu des troubles lorsque le président Pierre Nkurunziza a annoncé en mai qu’il était candidat à un troisième mandat. La crise s’est intensifiée quand Nkurunziza a été réélu en juillet, avec des assassinats, des attaques contre la police et des exécutions sommaires. Les organisations de médias indépendants ont également été ciblés, notamment durant la période des élections. Beaucoup ont été fermés et des dizaines de leurs journalistes ont dû fuir le pays ou ont été dans l’obligation de se cacher.
Depuis de la crise, la FIJ fortement ne cesse de plaider pour la liberté de la presse au Burundi. En avril, la Fédération a appelé à la protection des journalistes à l’occasion d’une conférence de presse au Club de la presse de Bruxelles. La première organisation mondiale de journalistes y a dénoncé, avec d’autres organisations de médias, la poursuite des attaques et des menaces contre l’indépendance des médias. Le président du syndicat, Alexandre Niyungeko, a envoyé un message vidéo à la conférence, expliquant les difficultés pour maintenir la liberté de la presse et l’indépendance des journalistes au Burundi.
Enfin, en août, la FIJ a appelé les autorités du Burundi à enquêter sur toutes les attaques dont ont été victimes les journalistes.