(JED/IFEX) – Marc Tabu, chroniqueur de musique congolais basé à Bruxelles et présentateur de l’émission musicale « Europa Live », tournée en Europe et diffusée en différé chaque jeudi à Kinshasa sur la chaîne privée Raga TV, a été violemment battu et blessé à la tête, le 10 juillet 2004 vers 5h00 du matin (heure locale), par […]
(JED/IFEX) – Marc Tabu, chroniqueur de musique congolais basé à Bruxelles et présentateur de l’émission musicale « Europa Live », tournée en Europe et diffusée en différé chaque jeudi à Kinshasa sur la chaîne privée Raga TV, a été violemment battu et blessé à la tête, le 10 juillet 2004 vers 5h00 du matin (heure locale), par un certain Tony Osvaldo, alias « Tony Mokomboso ». Osvaldo, de nationalité angolaise, est un des gardes du corps de l’artiste musicien congolais Antoine Agbepa Mumba, connu sous le pseudonyme de « Koffi Olomide ».
Selon Tabu, que JED a pu joindre au téléphone, le 23 juillet, « l’agression a été ordonnée, séance tenante, par l’artiste Koffi Olomide » pendant que le journaliste tournait des images à son concert. Le garde du corps a intercepté le journaliste et l’a violemment battu, le blessant grièvement à la tête.
Le journaliste a été évacué par ambulance aux urgences de l’hôpital Saint-Pierre de Bruxelles, où sa plaie béante a été fermée de sept points de suture. D’autres examens médicaux sont prévus pour déterminer si le journaliste n’a pas subi d’autres traumatismes non visibles à l’oeil nu.
Tabu, comme d’autres chroniqueurs musicaux congolais basés en Europe, était allé couvrir le concert de Olomide à la salle Noble à Bruxelles. Prévu pour commencer à 23h00, le concert n’a pu commencer que quatre heures plus tard, au moment où la salle avait commencé à se vider. « J’étais justement entrain de filmer les gens vidant la salle lorsque Koffi Olomide a chuchoté quelque chose à son garde du corps. Ce dernier est venu me demander d’arrêter de prendre ses vues là. C’est là que j’ai rétorqué que j’étais entrain de faire mon travail et n’avais pas d’ordre à recevoir sur la manière de le faire » a ajouté le journaliste. C’est en ce moment-là que le garde du corps « a arraché la caméra et l’a fracassée contre le mur » avant de frapper violemment le journaliste.
JED constate que :
– Ce n’est pas la première fois que des artistes musiciens congolais incitent leurs gardes ou fanatiques à s’attaquer aux journalistes chroniqueurs congolais de musique quand ces derniers ne les encensent pas ;
– Les chroniqueurs Zacharie Bababaswe de Antenne A, Kabengele dit « Jo K » de Raga TV, Dieudonné Yangumba, Mbuyi Mbwebwe et Bolowa Bonzakwa de la chaîne publique RTNC , et tant d’autres, ont été, par le passé, victimes des agressions commanditées par des artistes musiciens congolais ;
– En ce qui concerne particulièrement Olomide, et pour ne citer que le dernier cas en date, il a déjà eu à commanditer, par le passé, des attaques et voies de fait contre un cameramen de la chaîne privée Canal Kin (CK TV), Patcheli Mudiayi, et pour lequel il a présenté des excuses publiques ;
– Les artistes musiciens congolais de manière générale sont très allergiques à la critique des journalistes congolais et entretiennent des hordes des gens appelées pudiquement « sécurité » ou « garde rapprochée » mais qui, en réalité, sont de véritables machines criminelles de répression du droit à la critique reconnu aux journalistes ;
Pour que des actes d’agression des journalistes chroniqueurs de la musique dans l’exercice de leur métier ne se multiplient pas et ne continuent pas de bénéficier de l’impunité ambiante, JED demande :
1. Au gouvernement de la République du Congo, et plus particulièrement au ministre de la Culture et de l’art, Christophe Muzungu, de lancer une sévère mise en garde aux artistes musiciens de manière générale, et à Olomide de manière particulière ;
2. Au Procureur général de la République d’ordonner l’ouverture d’une information judiciaire contre l’artiste Olomide, dès son retour au pays, pour agression d’un journaliste dans l’exercice de son métier, voies de faits, coups et blessures ;
3. Au gouvernement belge, par l’entremise de son ambassade en République démocratique du Congo, de communiquer les résultats des enquêtes menées par la police belge suite à la plainte déposée auprès d’elle à Bruxelles par le journaliste ;
4. Aux responsables des médias congolais en général, et aux chroniqueurs de musique de manière particulière, de décréter un black out total d’une durée de trois mois sur Olomide et son groupe Quartier Latin, au nom du devoir de solidarité vis-à-vis des confrères en difficulté pour leur travail et à celui de la liberté de la critique, sans laquelle aucune liberté de presse n’est valable. Cet embargo restera en vigueur aussi longtemps que Olomide n’aura pas présenté, par écrit et publiquement, des excuses à toute la profession des journalistes, avec promesse ferme de ne plus jamais récidiver.