(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au président Leonid Kuchma, RSF s’est dit « révulsée » suite à la découverte d’un corps décapité, puis d’un crâne, qui pourraient être ceux du journaliste Géorgiy Gongadze, disparu le 16 septembre 2000, et en faveur duquel RSF était intervenu auprès du président ukrainien. « Il n’y pas encore de certitude absolue […]
(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au président Leonid Kuchma, RSF s’est dit « révulsée » suite à la découverte d’un corps décapité, puis d’un crâne, qui pourraient être ceux du journaliste Géorgiy Gongadze, disparu le 16 septembre 2000, et en faveur duquel RSF était intervenu auprès du président ukrainien. « Il n’y pas encore de certitude absolue sur l’identité des restes retrouvés, mais nous craignons, une fois de plus, que la recherche de la vérité soit très difficile », a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de l’organisation. « Nous vous rappelons que Géorgiy Gongadze avait été l’objet de mesures d’intimidation de la part des services de police eux mêmes dans les semaines précédant sa disparition. Il est désormais de votre responsabilité que toute la lumière soit faite dans cette terrible affaire », a ajouté Ménard.
Selon les informations recueillies par RSF, un corps décapité puis un crâne très mutilé ont été retrouvés au mois de novembre, dans la région de Taraschanskyi, près de Kiev, qui pourraient être ceux du journaliste Gongadze. Fondateur et rédacteur en chef du site internet www.pravda.com.ua, journal en ligne très critique envers le pouvoir, Gongadze, 31 ans, a disparu, le 16 septembre, alors que sa femme et ses deux filles l’attendaient à son domicile. Dans les semaines précédant sa disparition, le journaliste avait été interrogé à plusieurs reprises par la police dans le cadre d’une enquête criminelle. Il venait de dénoncer dans une lettre au procureur de la République ce qu’il estimait être « une action d’intimidation préméditée pour lui faire peur, ou empêcher ses activités ». Il publiait sur son site des articles dénonçant la corruption de certains hauts responsables ukrainiens.
Les résultats des expertises demandées ne devraient pas être connus avant un mois. Selon des collègues journalistes de Gongadze présents au moment des premiers examens, plusieurs éléments – dont les traces d’une ancienne blessure – confirmeraient que les restes retrouvés sont ceux de Gongadze.
RSF a rappelé que les menaces envers les journalistes se sont multipliées ces derniers mois en Ukraine. Le 15 septembre, Oleg Eltsov, journaliste indépendant, a déclaré avoir été menacé à plusieurs reprises au téléphone par un individu lui reprochant des articles « qui dérangent des gens très influents ». L’inconnu avait ajouté : « Tu es le prochain sur la liste ». Le lendemain, Mykola Severyn, rédacteur en chef du journal « Rakours », très critique envers la gestion municipale de la ville de Lougansk, a été frappé à la tête et hospitalisé. En avril dernier, Oleg Liachko, rédacteur en chef de l’hedomadaire « Svoboda », avait été agressé et menacé suite à des articles critiquant les services secrets (consulter des alertes de l’IFEX des 14 et 7 avril 2000). Plusieurs journalistes se sont plaints récemment d’avoir été brutalisés. « Cette banalisation de la violence envers les journalistes en Ukraine n’est pas admissible au regard des engagements internationaux et européens de l’Ukraine », a indiqué le secrétaire général de RSF.