(RSF/IFEX) – A l’approche des élections législatives du 27 février 2005, la pression s’accentue sur les journalistes et les médias indépendants au Tadjikistan. Iskandar Firouz, correspondant du service perse de la BBC à Douchanbé, a été agressé dans la capitale, le 29 janvier, par le responsable adjoint du Parti démocratique populaire du Tadjikistan (PDPT). Par […]
(RSF/IFEX) – A l’approche des élections législatives du 27 février 2005, la pression s’accentue sur les journalistes et les médias indépendants au Tadjikistan. Iskandar Firouz, correspondant du service perse de la BBC à Douchanbé, a été agressé dans la capitale, le 29 janvier, par le responsable adjoint du Parti démocratique populaire du Tadjikistan (PDPT). Par ailleurs, l’hebdomadaire indépendant « Nerui Sukhan » (« Force des mots »), a vu l’ensemble de son tirage (3 000 exemplaires) confisqué par le fisc, le 26 janvier, dans le cadre d’une opération policière qui visait l’imprimerie privée Kaikhon. D’après les services fiscaux, celle-ci n’aurait pas payé ses impôts et ne possèderait pas de licence l’autorisant à imprimer des journaux. La rédaction de « Nerui Sukhan » a par ailleurs été mise sous scellés.
« Reporters sans frontières s’inquiète de cette agression à l’égard d’un journaliste dans l’exercice de ses fonctions à la veille des élections législatives. La fermeture d’un des derniers journaux indépendants par le biais d’un moyen détourné, en l’occurrence le fisc, confirme la volonté délibérée des autorités d’étouffer toute voix dissidente », a déclaré l’organisation dans une lettre adressée au président Imomali Rakhmonov.
Environ 3 000 exemplaires de « Nerui Sukhan » sont publiés chaque semaine depuis janvier 2003 par le Fonds pour la mémoire et la défense des droits des journalistes. Nouriddine Karchiboïev, directeur de l’Association des médias indépendants, a dénoncé les arguments fallacieux des autorités pour fermer l’hebdomadaire : « Pourquoi avoir mis sous scellés la rédaction s’il ne s’agit que d’un problème fiscal concernant l’imprimerie Kaikhon qui édite le journal ? »
Cette mesure fait suite à la fermeture d’une autre imprimerie par le fisc, le 18 août 2004. Le journal d’opposition « Ruzi Nav » avait été contraint d’être imprimé au Kirghizistan, avant d’être finalement saisi le 4 novembre par les autorités à l’aéroport de Douchanbé. La rédaction a été démantelée depuis (consulter des alertes de l’IFEX du 27 janvier 2005, 1er septembre et 24 août 2004).
Ne subsistent plus désormais qu’une poignée de médias indépendants : « Najot » (journal du parti d’opposition Renaissance islamiste), « Biznis i politika », « Asia Plus » et le journal en ligne http://www.avesta.tj.
Quant aux conditions de travail des journalistes, elles se sont nettement dégradées. Le 29 janvier 2005, Firouz a été agressé par le président adjoint du PDPT au bureau de vote n°3 de l’arrondissement Chokhmanssour de Douchanbé. Le correspondant de la BBC s’apprêtait à couvrir une rencontre pré électorale de candidats avec leurs électeurs. Le responsable du PDPT aurait déclaré au journaliste, après avoir détruit son matériel d’enregistrement : « Va te plaindre à qui tu veux, je n’ai peur de personne ».
En 2004, déjà, des journalistes avaient été menacés ou agressés. Mavluda Sultonzoda, des hebdomadaires « Ruzi Nav » et « Nerui Sukhan », avait reçu des lettres de menaces le 3 août, à la suite de la publication d’un article intitulé « Qui est Rakhmonov ? ». La journaliste y critiquait le président Rakhmonov et son gouvernement (consulter des alertes du 1er septembre, 24 et 13 août 2004). Quant à Rajabi Mirzo, l’ancien rédacteur en chef de « Ruzi Nav », il avait été agressé le 29 juillet à Douchanbé. Cette agression était liée à ses articles dénonçant la corruption du gouvernement (consulter des alertes du 1er septembre, 24 et 3 août 2004).