(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au ministre chinois de la Sécurité d’Etat, Xu Yongyue, RSF a protesté contre la fermeture d’un site Internet dissident et la traque menée par les services de police contre l’un de ses animateurs. Accusés par les autorités de diffuser des « informations contre-révolutionnaires », les animateurs du site, des dissidents démocrates […]
(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au ministre chinois de la Sécurité d’Etat, Xu Yongyue, RSF a protesté contre la fermeture d’un site Internet dissident et la traque menée par les services de police contre l’un de ses animateurs. Accusés par les autorités de diffuser des « informations contre-révolutionnaires », les animateurs du site, des dissidents démocrates de la province du Shandong (au sud de Pékin), risquent de fortes peines de prison s’ils sont arrêtés. Robert Ménard, le secrétaire général de l’organisation, a rappelé que dans un document daté du 18 janvier 2000, le rapporteur spécial des Nations unies sur la promotion et la protection du droit à la liberté d’opinion et d’expression a souligné que « l’emprisonnement en tant que condamnation de l’expression pacifique d’une opinion constitue une violation grave des droits de l’homme ». Deux « cyber-dissidents », Huang Qi et Qi Yanchen, sont actuellement emprisonnés en Chine. En août 1999, RSF avait dénoncé la Chine comme l’un des vingt ennemis de l’Internet dans le monde.
Selon les informations réunies par RSF, les services de sécurité chargés de surveiller Internet ont déconnecté et interdit, le 3 août, le site www.xinwenming.net, hébergé par le fournisseur d’accès Million Internet Company, basé à Pékin. La sécurité publique a, par ailleurs, demandé au directeur du fournisseur d’accès, Li Tao, de « mieux surveiller le contenu des sites » qu’il héberge. La police a lancé une chasse à l’homme dans la province du Shandong afin d’arrêter l’animateur du site. Créé le 29 avril dernier, à l’initiative d’un certain Xin Wenming, le site xinwenming.net était rapidement devenu un forum de discussion des dissidents démocrates de la région de Shandong. Parmi eux, on retrouverait Xing Dakun, un dissident de la génération du « mur de la démocratie » de 1979, qui a passé plusieurs années dans un laogai (camp de travail forcé). Les autorités lui reprochaient notamment d’avoir fondé des publications dissidentes. Les animateurs du site défendaient la théorie de la « nouvelle culture » censée ouvrir la Chine à la démocratie par le dialogue. Selon l’organisation de défense des droits de l’homme Human Rights in China, il s’agirait du premier site chinois ouvertement démocratique.
Deux « cyber-dissidents » sont actuellement détenus dans les prisons chinoises. Qi Yanchen a été arrêté le 2 septembre 1999 pour avoir diffusé sur l’Internet des articles critiquant le gouvernement chinois. Il a été jugé, le 30 mai 2000, par la Cour populaire de Cangzhou (au sud de Pékin) pour « subversion ». Le 3 juin 2000, Huang Qi, animateur du site Internet, www.6-4tianwang.com, a été arrêté avec sa femme par la police de Chengdu (sud-ouest du pays). Il est également accusé de « subversion » pour avoir accepté sur son site des articles dénonçant le massacre de la place Tiananmen (consulter les alertes de l’IFEX du 13 juillet, 26, 7 et 5 juin, 7 et 3 mars et 26 janvier 2000, 30 et 3 septembre, 21 et 20 janvier 1999 et 9 décembre 1998).