(RSF/IFEX) – RSF proteste contre les pratiques autoritaires du ministre de la Justice de Sierra Leone, Fred M. Carew, qui a convoqué dans son bureau Chernoh Ojukwu Sesay, directeur de la rédaction du trihebdomadaire « The Pool », pour menacer de le jeter en prison. « Nous ne pouvons que nous élever contre cet abus de pouvoir, a […]
(RSF/IFEX) – RSF proteste contre les pratiques autoritaires du ministre de la Justice de Sierra Leone, Fred M. Carew, qui a convoqué dans son bureau Chernoh Ojukwu Sesay, directeur de la rédaction du trihebdomadaire « The Pool », pour menacer de le jeter en prison.
« Nous ne pouvons que nous élever contre cet abus de pouvoir, a déclaré RSF. Deux semaines après la condamnation inique du journaliste Paul Kamara, cet incident prouve que le gouvernement de Freetown a durci délibérément le ton envers les journalistes. Les propos tenus par Fred M. Carew au directeur de la rédaction de « The Pool Newspaper » et sa façon de le sermonner sont inadmissibles de la part d’un ministre d’un gouvernement démocratique, notamment dans un pays aussi fragile que la Sierra Leone ».
« Nous appelons le président sierra-léonais à ramener son ministre à la raison. Ahmed Tejan Kabbah devrait, en outre, prendre enfin en compte les appels répétés des professionnels de l’information et de leurs défenseurs en dépénalisant les délits de presse. Abroger la loi de 1965 éviterait non seulement à la Sierra Leone d’ajouter des noms à la liste des journalistes emprisonnés en Afrique, mais pourrait aussi mettre un terme à ce genre d’épisode navrant », a conclu l’organisation.
Dans son édition du 1er octobre 2004, « The Pool » a publié en couverture un article intitulé « Carew plans to kill three orphans » (« Carew projette de tuer trois orphelins »), dans lequel l’actuel ministre de la Justice, Carew, était mis en cause. L’article, qui s’appuyait sur des documents, affirmait qu’à l’époque où il était avocat, Carew aurait tenté de déposséder trois orphelins au profit d’une de ses clientes.
Dans la même journée, Sesay a reçu un appel téléphonique l’enjoignant de se présenter au bureau du ministre. Le journaliste s’est exécuté. Dans le bureau de Carew, il a été mis en présence du procureur général, Bryma Kebbie, d’un avocat et d’une secrétaire.
Sesay a raconté à RSF que le ministre l’avait alors accusé d’avoir commis un délit et s’était lancé dans un monologue menaçant : « Si les journalistes continuent d’être irresponsables et d’ignorer la loi de 1965 sur la diffamation, je m’assurerai que celle-ci soit appliquée et vous rejoindrez très vite Paul Kamara en prison. Tant que je serai ministre de la Justice, je n’hésiterai pas à emprisonner les journalistes qui violent la loi. Vous comprenez ? »