(RSF/IFEX) – Salah Uddin Shoaib Choudhury, directeur de la revue « Blitz », a été arrêté le 29 novembre 2003 à Dacca. Le journaliste devait se rendre en Israël pour participer à une conférence. Choudhury est accusé d’espionnage pour l’État hébreu. Il pourrait être inculpé de « sédition », acte qui peut entraîner la peine de mort. RSF est […]
(RSF/IFEX) – Salah Uddin Shoaib Choudhury, directeur de la revue « Blitz », a été arrêté le 29 novembre 2003 à Dacca. Le journaliste devait se rendre en Israël pour participer à une conférence. Choudhury est accusé d’espionnage pour l’État hébreu. Il pourrait être inculpé de « sédition », acte qui peut entraîner la peine de mort.
RSF est consternée par la mise en détention d’un journaliste sur la seule base du texte d’un discours à propos du rôle des médias dans le dialogue entre musulmans et juifs. « Alors que la communauté internationale se penche sur un nouveau plan de paix pour le Proche-orient, le gouvernement du Bangladesh décide d’arrêter un journaliste qui défend une option pacifique au conflit », a écrit l’organisation dans une lettre au ministre des Affaires étrangères, Morshed Khan. RSF demande à celui-ci d’intervenir auprès des services compétents pour que le journaliste soit libéré sous caution.
Alors qu’il s’apprêtait à embarquer à destination de Tel-Aviv via Bangkok, Choudhury a été interpellé par la police de l’aéroport de Dacca. Un juge de la capitale a accordé à la police une détention provisoire de sept jours, au commissariat de Cantonment (Dacca). Le journaliste est régulièrement interrogé par les services secrets qui tentent de lui faire avouer des activités d’espionnage pour Israël. Directeur d’un hebdomadaire de divertissement, « Blitz », le journaliste a récemment été nommé responsable de la branche au Bangladesh de l’organisation littéraire International Forum for the Literature and Culture of Peace (IFLAC, organisation d’écrivains qui militent pour la paix). Choudhury devait se rendre à Tel-Aviv pour prononcer le 1er décembre un discours sur le « rôle des médias dans l’établissement de la paix », dans le cadre d’une conférence organisée par l’Association des écrivains d’Israël. Sa participation aurait été une grande première pour un journaliste du Bangladesh. En effet, les deux pays n’entretiennent aucune relation diplomatique et les citoyens du Bangladesh n’ont pas le droit de se rendre en Israël. Dans ce discours, Choudhury mettait l’accent sur le rôle stratégique des médias des pays musulmans dans la construction de la paix au Proche-Orient.
Les services secrets affirment que les documents retrouvés dans sa valise, notamment le texte de son discours et des rapports sur la situation des droits de l’homme au Bangladesh, sont des preuves de son activité d’espion en faveur d’Israël. Quelques heures après son arrestation, la police a saisi l’ensemble du matériel informatique, imprimantes et Cédéroms à la rédaction du magazine et à son domicile.
Ada Aharoni, écrivain et présidente de l’IFLAC, a affirmé par téléphone à RSF que son organisation n’avait aucun lien avec les autorités d’Israël. Elle a vivement regretté l’arrestation de Choudhury. Selon elle, il s’agit d’une attaque injustifiée contre un partisan du dialogue entre les musulmans et les juifs. L’IFLAC a récemment organisé une conférence entre intellectuels musulmans et juifs en Turquie.