(JED/IFEX) – Alexis Maka Gbossokoto, directeur de publication du quotidien privé « Le Citoyen », paraissant à Bangui, capitale de la République centrafricaine, a été interpellé le 8 juillet 2004 à 11h00 (heure locale), et gardé à vue à la section recherche et investigations (SRI) de la gendarmerie de Bangui suite à une plainte déposée contre lui […]
(JED/IFEX) – Alexis Maka Gbossokoto, directeur de publication du quotidien privé « Le Citoyen », paraissant à Bangui, capitale de la République centrafricaine, a été interpellé le 8 juillet 2004 à 11h00 (heure locale), et gardé à vue à la section recherche et investigations (SRI) de la gendarmerie de Bangui suite à une plainte déposée contre lui par l’ancien directeur de la société Energie centrafricaine (ENERCA), Jean-Serge Wafio. Le journaliste a été entendu sur procès verbal avant d’être écroué sur ordre du procureur de la République.
Selon les informations obtenues par JED, Wafio reproche au journal « Le Citoyen » d’avoir publié une série d’articles l’accusant de malversation financière et de détournement de fonds. Ces articles seraient, selon l’ancien directeur de ENERCA, à la base de son limogeage au mois de juin dernier.
Par ailleurs, les directeurs de publication des journaux « Le Confident » (Momet Mathurin), « Les Collines du Bas-Oubangui » (Faustin Bambou), « Le Patriote » (Ambroise Yalima), « Centrafric’un » (Jacob Kamandoko) et « L’Hirondelle » (Judes Zossé), qui étaient convoqués le 9 juillet à l’office du procureur général et au ministère de l’Intérieur, ont refusé de répondre à ces convocations. Le ministère de l’Intérieur avait précisé, dans sa convocation, que tous les directeurs de publication devaient se présenter munis des autorisations de paraître de leurs journaux.
Bien avant cela, le 2 juillet, les directeurs de publication des médias privés avaient été convoqués au cabinet du ministre de la Communication, le lieutenant-colonel Parfait M’Bay. Ce dernier leur avait intimé l’ordre de « ne pas jeter de l’huile au feu en cette période de retour à la légalité constitutionnelle ». La veille de cette convocation, le ministre de la Communication, dans un communiqué lu à la radio publique, avait accusé la presse privée centrafricaine de « graves dérives », et d’être « instrumentalisée par certains compatriotes pour désinformer, manipuler et nuire à l’image des plus hautes autorités de l’Etat ».
Des journalistes contactés à Bangui par JED expliquent cette levée de bouclier contre la presse privée centrafricaine par le fait que celle-ci avait commenté, en sens divers, le secret qui a entouré le dernier voyage en Allemagne du Président de la République, le général François Bozize. « Toutes ces manoeuvres frisent une tentative de museler la presse privée indépendante », a affirmé à JED un membre du Groupement des éditeurs de la presse privée indépendante de Centrafrique (GEPPIC).
L’association a tenu, le 9 juillet, une assemblée générale extraordinaire, à l’issue de laquelle ses membres ont décidé de suspendre la parution de leurs journaux à partir du 12 juillet et jusqu’à la libération de Gbossokoto.