(RSF/IFEX) – Moins de six mois après l’assassinat de Manik Shaha, correspondant du quotidien « New Age » et de la BBC World Service à Khulna (sud-ouest du pays), Humayun Kabir Balu, directeur du quotidien régional « Dainik Janmabhumi », a été tué dans une attaque à la bombe dans les rues de Khulna. Un groupe armé d’extrême gauche […]
(RSF/IFEX) – Moins de six mois après l’assassinat de Manik Shaha, correspondant du quotidien « New Age » et de la BBC World Service à Khulna (sud-ouest du pays), Humayun Kabir Balu, directeur du quotidien régional « Dainik Janmabhumi », a été tué dans une attaque à la bombe dans les rues de Khulna. Un groupe armé d’extrême gauche a revendiqué l’attentat.
Au moins quatorze journalistes ont été tués au cours des dix dernières années dans le sud et le sud-ouest du Bangladesh. Balu est le second président du Club de la presse de Khulna assassiné en 2004.
RSF et le Centre pour le développement, le journalisme et la communication du Bangladesh (BCDJC) sont révoltés par cet assassinat. Alors que le gouvernement continue d’affirmer qu’il n’y a pas de problème de liberté de la presse au Bangladesh, des bandes armées et des criminels de toutes sortes font la loi dans des régions entières du pays. Les deux organisations demandent au gouvernement, et plus particulièrement au ministère de l’Intérieur, de tout mettre en oeuvre pour qu’une enquête permette d’identifier et de juger les auteurs de ce crime.
Le 27 juin 2004, des inconnus ont lancé trois bombes vers Balu alors qu’il sortait de son véhicule devant les bureaux du journal régional « Dainik Janmabhumi » qu’il dirigeait à Khulna. Le journaliste, âgé de 57 ans, a été grièvement blessé à une jambe et au ventre. Il est mort une heure plus tard à l’hôpital de la ville. Son fils, Asif Kabir, étudiant en journalisme, a été sérieusement blessé.
La police a encerclé le quartier, mais n’a pas mis la main sur les suspects qui se sont échappés à motocyclette. Sur les lieux du crime, deux boites en fer remplies d’explosif ont été retrouvées intactes.
Un homme se présentant comme Ripon Ahmed, le dirigeant régional de la faction Janajuddha (ML) du parti maoïste clandestin Purba Bangla, a revendiqué l’attentat lors d’un appel téléphonique au Club de la presse de Khulna dont Balu était le président. Ce dernier était désigné comme un « ennemi de classe ».
Selon plusieurs témoignages de journalistes de Khulna, Balu avait reçu, au cours des semaines précédentes, des menaces de mort émanant de criminels qui lui demandaient l’équivalent de 700 euros (environ 850 $US). Le journaliste en avait informé la direction du Club de la presse le 22 juin dernier.
Les journalistes de Khulna ont annoncé une semaine de manifestation pour demander justice dans cette affaire et rendre hommage à leur collègue. Balu était vétéran de la guerre d’indépendance de 1971.
En mars 2002, une délégation de RSF et du BCDJC s’était rendue à Khulna. Les dirigeants du Club de la presse, dont Shaha et Balu, l’avaient alertée sur les menaces permanentes envers la presse locale de la part de mouvements d’extrême gauche devenus, après des années de lutte armée, de véritables organisations mafieuses.