(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée à Donald H. Rumsfeld, secrétaire d’État américain à la Défense, RSF a exprimé sa préoccupation après que Doug Struck, envoyé spécial du quotidien « The Washington Post » en Afghanistan, a été mis en joue et menacé par des soldats américains alors qu’il enquêtait sur l’impact d’un tir de missile américain […]
(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée à Donald H. Rumsfeld, secrétaire d’État américain à la Défense, RSF a exprimé sa préoccupation après que Doug Struck, envoyé spécial du quotidien « The Washington Post » en Afghanistan, a été mis en joue et menacé par des soldats américains alors qu’il enquêtait sur l’impact d’un tir de missile américain sur le sol afghan. L’organisation a demandé au secrétaire d’État de fournir des explications sur cet incident. « Notre organisation s’interroge, comme la rédaction du ‘Washington Post’, sur les raisons pour lesquelles des soldats américains présents en Afghanistan empêchent des journalistes d’informer sur les opérations militaires en Afghanistan », a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de RSF. Ce dernier a rappelé que des membres des forces spéciales américaines étaient soupçonnés d’être à l’origine de l’agression de trois photographes de presse américains le 20 décembre 2001 (consulter l’alerte d’IFEX du 21 décembre 2001).
Selon les informations recueillies par RSF, le 10 février 2002, Struck, l’un des envoyés spéciaux du quotidien « The Washington Post » en Afghanistan, a été menacé d’être abattu par des militaires américains s’il refusait de respecter un périmètre de sécurité défini autour de la zone d’impact d’un missile américain. « Si vous allez plus loin, on vous tirera dessus », ont prévenu les soldats. La rédaction du « Washington Post » s’est dite « perplexe » par cet incident. Philip Bennett, sous-directeur à l’information internationale du quotidien, s’est interrogé « sur les raisons pour lesquelles les militaires présents en Afghanistan empêchent des journalistes américains d’informer sur les opérations militaires en Afghanistan ». Lors d’une conférence de presse donnée le 11 février, Victoria Clarke, porte-parole du secrétariat d’État à la Défense, et John Stufflebeem, directeur délégué aux opérations du commandement militaire, ont refusé de confirmer l’information. Néanmoins, rappelant que le commandant Massoud avait été abattu par deux individus qui s’étaient présentés comme des journalistes, les officiels américains ont expliqué que la situation en Afghanistan était si chaotique que les soldats américains ne pouvaient être sûrs qu’une personne se présentant comme un journaliste américain l’était réellement. D’après une dépêche diffusée le 12 février par l’Agence France-Presse, le colonel américain Frank Wiercinski, commandant de la force multinationale déployée sur l’aéroport de Kandahar, « a répliqué que le journaliste était accompagné d’hommes en armes, qu’il s’était approché d’une patrouille de combat sans s’être annoncé et qu’il avait de la chance de ne pas avoir été abattu ».
Dans une interview audio disponible sur le site du quotidien, Struck affirme avoir prévenu les autorités militaires américaines de Khowst (environ 150 kilomètres au sud de Kaboul) avant de partir dans la zone concernée. Il déclare également que les soldats présents sur le site ont menacé de tirer après avoir consulté leurs supérieurs. Le journaliste souhaitait pénétrer dans la zone de Zhawar (50 kilomètres au sud de Khowst) où un missile, tiré le 4 février par un avion espion américain, avait tué des membres supposés du réseau Al-Qaida. Soupçonnant que l’une des victimes pouvait être le chef de l’organisation terroriste, Oussama ben Laden, le commandement militaire américain avait dépêché sur place une mission d’enquête.
RSF rappelle que le 20 décembre, Joao Silva, Tyler Hicks, photographes pour le quotidien « The New York Times », et David Guttenfelder, photographe pour l’agence de presse Associated Press, avaient été malmenés et menacés par des Afghans en présence de membres des forces spéciales américaines à Meelawa, près de Tora Bora (est du pays). Les commandos américains refusant la présence de journalistes dans cette zone, les forces locales afghanes étaient chargées d’empêcher la presse d’y accéder. Selon Guttenfelder, les membres des forces spéciales avaient eux-mêmes donné l’ordre aux moudjahidin de les interpeller. Des clichés des photographes avaient été confisqués. Lors d’une conférence organisée à New York le 12 février par le Musée de la télévision et de la radio sur le journalisme de guerre, plusieurs médias ont demandé à l’administration américaine plus de transparence dans la couverture du conflit.