(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au président Askar Akaiev, RSF s’est indignée de la fermeture, le 6 mars 2001, de l’hebdomadaire d’opposition « Asaba ». « Cette décision brutale met en lumière les atteintes permanentes à la liberté de la presse au Kirghizistan. Les pressions financières asphyxient toute information indépendante », a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de […]
(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au président Askar Akaiev, RSF s’est indignée de la fermeture, le 6 mars 2001, de l’hebdomadaire d’opposition « Asaba ». « Cette décision brutale met en lumière les atteintes permanentes à la liberté de la presse au Kirghizistan. Les pressions financières asphyxient toute information indépendante », a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de l’organisation. L’organisation a demandé que le journal « Asaba » obtienne l’autorisation de reprendre sa publication, et que les pressions exercées sur les médias cessent.
D’après les informations recueillies par RSF, le 6 mars, le tribunal de Leninskyi, à Bichkek, a ordonné à la maison d’édition de ne plus publier le journal « Asaba ». Cette décision fait suite à la condamnation de la publication à une amende de 5 millions de soms (environ 101 700 $US; 105 000 euros), le 20 octobre 2000, pour diffamation. Un proche du président Akaiev, le député et ancien secrétaire général du Parti Communiste kirghize, Turdakun Usubaliev, avait accusé le journal d’avoir régulièrement porté atteinte à sa dignité au cours des huit dernières années et demandait 50 millions de soms de dédommagement (environ 1 017 150 $US; 1 050 000 euros). Le 20 février, le tribunal avait reporté l’examen de l’appel déposé par le journal « Asaba » suite à cette condamnation. « Asaba » a, de plus, récemment perdu un procès intenté par la société minière Kumtor Operating Company, proche des autorités khirgizes, le 20 février dernier, au sujet d’un prêt que celle-ci aurait accordé au journal en 1994 et qui, aujourd’hui, fait l’objet d’un litige. Le journal a été condamné à une amende de plus d’un million de soms (environ 20 340 $US; 22 500 euros). Le journal n’étant pas en mesure de régler ces deux amendes, le tribunal a ordonné l’arrêt de la publication.
RSF a souligné que le régime du président Akaiev n’a cessé de durcir sa position vis-à-vis des médias au cours de ces derniers mois. L’hebdomadaire indépendant « Res Publica » a été interdit de publication le 21 février dernier. Il ne pouvait plus payer l’amende de 200 000 soms (environ 4 070 $US; 4 500 euros) qui lui avait été infligée après un procès en diffamation, intenté en 1998 par Amandek Karypkulov, président de la radiotélévision nationale (KTR), au sujet d’un article qui l’accusait d’avoir détourné 3 millions de soms (environ 61 000 $US; 67 500 euros) (consulter les alertes de l’IFEX du 5 avril et 24 mars 2000).
Les pressions financières exercées contre les journaux ne cessent de se multiplier dans cette ancienne république d’Union Soviétique. À la radiotélévision nationale, les journalistes qui dérangent sont évincés, tandis qu’au sud du pays le pouvoir tente de faire stopper les émissions de la seule chaîne de télévision indépendante de la région, Osh-TV (consulter l’alerte de l’IFEX du 6 juillet 2000).