(RSF/IFEX) – Le 11 mai 2004, le KGB a perquisitionné les locaux de l’hebdomadaire indépendant « Den », harcelé depuis plusieurs mois par les autorités, et saisi plusieurs ordinateurs. « Nous sommes indignés par les efforts déployés par les autorités, en particulier par le KGB, pour empêcher les journalistes de « Den » d’exercer leur métier. Nous vous demandons de […]
(RSF/IFEX) – Le 11 mai 2004, le KGB a perquisitionné les locaux de l’hebdomadaire indépendant « Den », harcelé depuis plusieurs mois par les autorités, et saisi plusieurs ordinateurs.
« Nous sommes indignés par les efforts déployés par les autorités, en particulier par le KGB, pour empêcher les journalistes de « Den » d’exercer leur métier. Nous vous demandons de mettre un terme à ce harcèlement inacceptable et de veiller à la restitution dans les plus brefs délais du matériel informatique saisi lors de cette perquisition », a écrit RSF au ministre de l’Intérieur, Vladimir Naumov.
Sur ordre du procureur adjoint de la région de Grodno (près de la frontière polonaise), Vladimir Onisko, des officiers du Comité pour la sécurité de l’Etat (KGB) ont fouillé les locaux de « Den » de 15h à 18h30 (heure locale) et saisi quatre ordinateurs. Le journal est soupçonné d’être impliqué dans la publication de tracts jugés « déshonorants » pour le président Alexandre Loukachenko.
Mikolai Markevich, rédacteur en chef de « Den », a affirmé à RSF que le journal n’était pas impliqué dans la parution de ces tracts et qu’il s’agissait d’une nouvelle étape dans la campagne menée par les autorités contre les médias indépendants et les organisations non gouvernementales à l’approche des élections législatives de l’automne 2004.
Cette perquisition intervient quelques jours avant l’échéance imposée par les autorités pour obliger l’hebdomadaire à quitter ses locaux. L’administration de Grodno chargée du logement a en effet ordonné à l’association Batskaushchina, qui héberge l’équipe de « Den », de quitter ses locaux avant le 15 mai. Il lui est reproché de sous-louer illégalement ses bureaux au journal. Markevich a expliqué que l’administration lui a refusé plus de dix fois le droit d’installer officiellement son journal à Grodno.
Depuis plusieurs mois, les entraves à la publication de « Den » se sont multipliées : saisies intempestives, contrôles fiscaux répétés, refus des imprimeries du pays de travailler avec le journal.
Le 7 avril, la police avait saisi 4 800 copies du tirage de l’hebdomadaire à Ivie (130 km de Grodno) lors de leur acheminement de Smolensk, son lieu d’impression en Russie, vers le Bélarus. Le numéro confisqué contenait un article qui critiquait le refus de la police de poursuivre deux hommes arrêtés le 18 mars alors qu’ils tentaient de pénétrer par effraction dans les locaux de l’association Batskaushchina. L’un des deux hommes avait été reconnu par Markevich comme étant un officier du KGB. Le 17 avril, le journal avait reçu un courrier du parquet régional confirmant que les deux hommes étaient des officiers du KGB.
En novembre 2003, l’imprimerie Svetach à Minsk avait illégalement rompu son contrat avec « Den », de même que le réseau de distribution Belsayuzdruk, le 29 janvier 2004, obligeant le journal à être imprimé en Russie.
RSF rappelle que Markevich, à l’époque rédacteur en chef de l’hebdomadaire « Pagonya », avait été condamné, le 15 août 2002, à un an et demi de travaux forcés pour avoir autorisé la publication d’articles qui accusaient le président Loukachenko d’être impliqué dans la disparition d’opposants au régime. Pavel Majeïko, du même journal, avait également été condamné à un an de travaux forcés pour avoir « offensé » le Président. Le 13 novembre 2001, « Pagonya » avait été fermé (consulter des alertes de l’IFEX des 30 et 27 mai, 25 et 7 mars 2003, 16 septembre et 13 août 2002, entre autres).
Dans son Rapport annuel 2004, RSF a dénoncé le harcèlement administratif contre la presse indépendante jugée trop critique envers le régime de Loukachenko, classé par l’organisation parmi les 37 « prédateurs de la liberté de la presse » dans le monde. En 2003, les autorités ont suspendu et sanctionné en série plus de dix journaux, empêché une quinzaine de médias indépendants de paraître et fait fermer plusieurs organisations de défense des droits de l’homme qui fournissaient une aide précieuse aux médias.