(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au ministre en charge du Cachemire et des Territoires du nord, Abbas Sarfraz Khan, RSF a protesté contre l’interdiction d’un hebdomadaire privé au Cachemire, région placée sous administration du gouvernement fédéral. L’organisation de défense de la liberté de la presse a demandé au ministre de « tout mettre en oeuvre […]
(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au ministre en charge du Cachemire et des Territoires du nord, Abbas Sarfraz Khan, RSF a protesté contre l’interdiction d’un hebdomadaire privé au Cachemire, région placée sous administration du gouvernement fédéral. L’organisation de défense de la liberté de la presse a demandé au ministre de « tout mettre en oeuvre afin que la justice revienne sur cette décision qui prive la population de cette région d’une source d’information locale et indépendante. » « L’interdiction de cette publication privée qui n’a fait qu’exercer son droit à informer, est contraire à l’article 19 de la Déclaration universelle des droits de l’homme et aux engagements publics du chef de l’exécutif, le général Pervez Musharraf, de garantir la liberté de la presse », a dénoncé Robert Ménard, secrétaire général de RSF. Depuis le début de l’année, au moins treize publications pakistanaises ont cessé de paraître suite à une réduction drastique des annonces publicitaires officielles. Certains observateurs ont dénoncé une politique délibérée des autorités pour fragiliser la presse régionale.
Selon les informations obtenues par RSF, le juge du district de Skardu (région du Baltistan, province du Cachemire) a interdit, le 17 octobre 2000, la publication de l’hebdomadaire « K2 » pour « avoir publié des informations contestables », « avoir promu des sentiments anti-pakistanais » et « avoir défendu la diminution du territoire national ». La justice reproche à Raja Hussain Khan Maqpoon, directeur de « K2 », la publication, en avril dernier, d’un article intitulé « Souveraineté pour Gilgit, Balistan : une révision », dans lequel un ancien leader étudiant revendiquait l’indépendance pour cette région. Le juge s’est appuyé sur la Press and Publication Ordinance de 1995, qui permet de sanctionner les médias qui diffusent des informations « séditieuses et douteuses ». La justice reproche également à « K2 » la publication, en août, d’un article sur une manifestation organisée par des indépendantistes du Baltistan. Au début du mois d’octobre, le juge a exigé au directeur de l’hebdomadaire des explications sur ces écrits, le menaçant de sanction. Dans sa réponse, adressée quelques jours avant le verdict, le directeur du journal a rappelé qu’il était précisé dans « K2 » que la rédaction ne s’associait pas obligatoirement avec les propos des collaborateurs extérieurs. Il a, par ailleurs, dénoncé l’attitude des autorités qui chercheraient à « tuer le journal » en suspendant notamment les publicités gouvernementales.
« K2 » est la plus ancienne publication éditée par des journalistes du district de Skardu, dans le Cachemire, où les armées indiennes et pakistanaises s’affrontent depuis 1947. Consacré à l’actualité du Baltistan, situé au pied du second sommet le plus élevé de la planète, le K2, la publication dénonce régulièrement le statut de « citoyens de seconde zone » des habitants de cette province sous tutelle du gouvernement. Selon le directeur, « K2 » a « toujours respecté la déontologie journalistique » tout en donnant la parole aux habitants de « cette province sans constitution », comme le précise la maxime inscrite sur la première page de l’hebdomadaire. Suite à cette interdiction, les journalistes de la province ont manifesté, le 2 novembre, dans les rues de Gilgit, contre cette décision « politique », « commanditée » par le gouvernement. Douze d’entre eux ont été interpellés pendant quelques heures par la police, lors de cette manifestation.